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Idlib, le dernier bastion qui résiste à Bachar al-Assad

Publié le 21.08.2019

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Syrie » Les troupes du régime syrien forcent les djihadistes à se retirer d’un secteur clé.

Les djihadistes et rebelles ont été contraints hier de se retirer de secteurs clés de la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Ils font face à l’avancée des troupes du régime, soutenues par Moscou, sur fond de tensions entre Ankara et Damas.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les groupes anti-Assad ont quitté la ville stratégique de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib, ainsi que des secteurs adjacents dans le nord de la province voisine de Hama.

La majeure partie de la province d’Idlib et des segments des provinces voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle de Bachar al-Assad, malgré les reconquêtes de la majorité du territoire syrien par le régime.

Cette région, dominée par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’al-Qaïda), abrite des groupes rebelles proturcs. Elle est la cible de bombardements quasi quotidiens depuis la fin avril. Un porte-parole du HTS a toutefois nié dans un communiqué le retrait du groupe du nord de Hama, évoquant un «repositionnement» des combattants après d’intenses bombardements du régime.

Ce retrait intervient quelques heures après que les forces du régime se sont emparées de plus de la moitié de Khan Cheikhoun et ont réussi à bloquer l’autoroute Alep-Damas devant l’arrivée d’un convoi militaire turc.

Avec ce retrait, un important poste d’observation turc dans la ville de Morek, à une dizaine de kilomètres au sud de Khan Cheikhoun, se retrouve encerclé par les forces du régime, a précisé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane (photo DR). Selon lui, les soldats turcs «n’ont d’autre choix que de se retirer à travers des routes» contrôlées par le régime ou à sa portée.

Lundi, la Turquie avait dépêché un convoi militaire d’environ 50 véhicules, au lendemain de l’entrée des forces prorégime dans Khan Cheikhoun. Mais celui-ci avait dû s’arrêter après des bombardements russo-syriens visant à l’empêcher de progresser et ayant fait trois morts – des civils, selon Ankara, des combattants rebelles proturcs, selon l’OSDH.

Damas a accusé la Turquie d’avoir envoyé «des véhicules chargés de munitions» pour secourir les djihadistes et les rebelles. Le journal progouvernemental syrien Al-Watan a de son côté affirmé hier qu’il s’agissait d’un «avertissement clair contre les tentatives turques de «ressusciter» les terroristes».

La Turquie a «fermement» condamné l’attaque, la jugeant «en contradiction avec les accords existants, la coopération et le dialogue avec la Russie». Hier, elle a renchéri en exhortant Damas à ne pas «jouer avec le feu».

«Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour garantir la sécurité de nos soldats et de nos postes d’observation. Mais nous espérons ne pas en arriver là», a affirmé le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.

Ankara, parrain de groupes rebelles à Idlib, est présent dans cette région en vertu d’un accord conclu en septembre 2018 pour éviter une offensive d’envergure du régime. Cet accord prévoyait la création d’une «zone démilitarisée» entre les territoires du régime et ceux tenus par les djihadistes et rebelles. Il n’a été que partiellement respecté, les djihadistes ayant refusé de se retirer.

Les derniers rebondissements montrent que les postes d’observation turcs peuvent compliquer l’avancée des forces prorégime, mais pas l’empêcher, estime l’analyste Sam Heller, de l’International Crisis Group (ICG). ats/afp

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