La Liberté

La Chine se barricade encore plus

Dans l’espoir d’enrayer l’épidémie, Pékin resserre les mailles du filet. Plusieurs cas à l’étranger

Publié le 27.01.2020

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Coronavirus » Les restrictions de circulation s’étendent en Chine dans l’espoir d’enrayer l’épidémie de pneumonie virale. Des cas suspects sont investigués en Suisse, alors que la France et les Etats-Unis préparent l’évacuation de leurs ressortissants de la zone en quarantaine.

«La capacité de propagation du virus s’est renforcée», ont déclaré hier de hauts responsables sanitaires chinois, même s’il ne s’avère pas «aussi puissant que le SRAS», ce précédent coronavirus qui avait fait des centaines de morts au début des années 2000.

La situation est «grave», a reconnu samedi soir le président Xi Jinping, avertissant que l’épidémie apparue en décembre à Wuhan dans le centre du pays «s’accélère».

Chaos dans les hôpitaux

La circulation automobile «non essentielle» est interdite depuis minuit dans le centre de la métropole, comme l’a constaté une équipe de l’AFP. Des chauffeurs bénévoles, recrutés par les autorités, acheminent gratuitement les malades vers les hôpitaux.

Mais une fois sur place, la situation s’avère parfois chaotique: les patients doivent attendre des heures avant de voir un médecin et de savoir s’ils sont ou non contaminés.

Wuhan et sa région sont placées de facto en quarantaine depuis jeudi afin de prévenir une nouvelle propagation de la maladie. Au total, 56 millions de personnes sont coupées du monde.

56 morts, 2000 cas

Dans la cité transformée en ville fantôme, des haut-parleurs diffusent un message appelant les habitants à se rendre à l’hôpital sans délai s’ils ne se sentent pas bien.

La Chine déplore désormais près de 2000 cas de contamination, dont 56 mortels, selon un dernier bilan. Et le maire de Wuhan a dit s’attendre hier à un millier de contaminations supplémentaires, sur la base du nombre de patients hospitalisés qui n’ont pas encore été testés.

L’épidémie a atteint l’Europe – trois cas en France – et l’Australie. Un cas présumé a été signalé au Canada. Les Etats-Unis, où trois cas sont confirmés, ont annoncé organiser le départ de leur personnel diplomatique et de citoyens américains bloqués à Wuhan, espérant faire décoller un vol demain.

D’autres pays sont en communication avec Pékin pour évacuer leurs ressortissants, notamment la France, dont quelque 500 citoyens résident à Wuhan.

L’étude des premiers cas tend à montrer que le taux de mortalité du virus 2019-nCoV est assez faible. Il «est pour l’instant de moins de 5%», juge le professeur français Yazdan Yazdanpanah, expert auprès de l’OMS. Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) avait un taux de mortalité de 9,5%.

Pour Gui Xi’en, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université de Wuhan, le nombre de contaminations pourrait atteindre un «pic» autour du 8 février, avant de décroître.

4000 lits en 2 semaines!

A Wuhan, les hôpitaux étant débordés, la construction de deux sites pouvant accueillir chacun plus de mille lits a commencé. Elle doit être achevée… sous quinzaine, selon les médias publics.

En attendant, la Chine se protège en érigeant des barrières intérieures. Plusieurs grandes villes du nord du pays – Pékin, Tianjin, Xian – ont annoncé la suspension des lignes d’autocars longue distance qui les relient au reste du pays. Dans l’est, la province du Shandong (100 millions d’habitants) a fait de même. Ces mesures risquent de singulièrement compliquer les trajets de la population, en plein chassé-croisé du Nouvel-An chinois, qui se traduit par une succession de sept jours fériés.

Le régime communiste a par ailleurs annoncé hier une interdiction temporaire du commerce d’animaux sauvages, alors que l’épidémie serait partie d’un marché de Wuhan où était vendu ce type d’animaux. Pékin va en outre suspendre les voyages organisés en Chine et à l’étranger. ATS/AFP


Deux cas suspects dans un hôpital de Zurich

Après les Etats-Unis et la France, le coronavirus pourrait avoir atteint la Suisse. Deux personnes, tout juste rentrées de Chine, sont suspectées d’avoir contracté le virus. Elles sont actuellement en quarantaine dans un hôpital zurichois. Il ne s’agit cependant pas des premières suspicions sur le sol helvétique.

Deux personnes qui revenaient d’un séjour en Chine montrent des signes d’une infection et se trouvent actuellement à l’hôpital du Triemli, a indiqué la porte-parole de l’établissement Maria Rodriguez à Keystone-ATS. Elle confirmait une information parue sur le site 20 Minuten. Le coronavirus pouvant être à l’origine de leurs symptômes, elles ont été mises en quarantaine. Il n’y a aucun risque pour les autres patients ou les employés. Les échantillons sont en train d’être analysés par des tests spécifiques au centre national de référence pour les infections virales émergentes (CRIVE) des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Une technicienne du CRIVE a précisé à Keystone-ATS que le délai de traitement des échantillons était de huit heures. Les résultats des tests zurichois devraient ainsi bientôt être connus.

Pauline Vetter, médecin en maladies infectieuses et au laboratoire de virologie des HUG, indique qu’une ligne d’urgence spécifique pour le coronavirus allait être mise en place aujourd’hui. Elle sera destinée au personnel de santé, afin de l’aider à déterminer s’il est nécessaire ou non de réaliser un test, et de leur expliquer la procédure d’envoi des échantillons. ATS/AFP

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