La Liberté

La passivité de la police dénoncée

Après la mort de 19 enfants et de deux institutrices, l’heure est à la colère et aux questions à Uvalde

Publié le 27.05.2022

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Tuerie d’Uvalde » Deux jours après la mort de 19 enfants et de deux institutrices, abattus mardi dans leur classe par un adolescent, Uvalde, ville texane de 16 000 habitants à majorité hispanique, était hier assommée de douleur. Le déroulé exact de la tuerie et le rôle de la police dans le drame étaient au centre des questions. Certains témoins à l’extérieur de l’école dénoncent la passivité des forces de l’ordre.

«Il y avait au moins 40 agents armés jusqu’aux dents mais ils n’ont rien fait, jusqu’à ce qu’il soit trop tard» a déclaré à ABC Jacinto Cazares, père de Jacklyn Cazares, 10 ans, tuée dans le massacre dans l’école primaire Robb de la ville texane.

Trente longues minutes

Daniel Myers, un pasteur de 72 ans, était arrivé avec sa femme Matilda à l’extérieur de l’école environ 30 minutes après l’entrée du tireur dans l’école. Il a décrit comment les policiers ont attendu en l’absence d’une unité spécialisée pour donner l’assaut, et comment les parents assistant à la scène étaient «désespérés». «Ils étaient prêts à rentrer (dans l’établissement). L’un des proches a dit: «J’ai été militaire, donnez-moi juste un pistolet, je vais y aller. Je ne vais pas hésiter. Je vais y aller.»

Les forces de l’ordre avaient indiqué mercredi avoir tenté d’empêcher Salvador Ramos, le tireur âgé de 18 ans, d’entrer dans l’école. Mais, après un échange de coups de feu, ce lycéen en rupture scolaire est parvenu à se barricader dans une salle de classe où il a ouvert le feu au fusil semi-automatique. Le directeur du Département de la sécurité publique du Texas Steven McCraw a déclaré à CNN que Salvador Ramos est resté à l’intérieur de l’école pendant environ 40 minutes avant que la police ne réussisse à l’abattre.

Le chef de la police aux frontières Raul Ortiz, dont des agents étaient sur place, a lui assuré que ces derniers «n’ont pas hésité». «Ils ont élaboré un plan. Ils sont entrés dans la salle de classe et ils ont résolu cela aussi rapidement qu’ils pouvaient», a-t-il déclaré également à CNN. Bilan: 21 tués et 17 personnes blessées dont trois policiers.

La tragédie pouvait-elle être évitée? L’éternelle question de la limitation des armes à feu aux Etats-Unis s’est imposée à Uvalde comme dans le reste du pays. Aux Etats-Unis, les fusillades en milieu scolaire sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs ont jusqu’à présent été impuissants à endiguer. Signe de la tension autour du sujet, la conférence de presse du gouverneur républicain du Texas Greg Abbott mercredi a été interrompue par son opposant Beto O’Rourke, qui l’a accusé de ne «rien faire», et de ne «rien proposer». «Vous dites que cela n’était pas prévisible, c’était complètement prévisible à partir du moment où vous avez décidé de ne rien faire», a déclaré cette figure du parti démocrate au Texas.

Pas de régulation

La veille, le président Joe Biden, qui revenait d’une tournée en Asie lorsque la fusillade s’est produite, avait livré une allocution émue depuis la Maison Blanche, appelant à «transformer la douleur en action».

«Quand, pour l’amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes?» avait-il lancé, se disant «écœuré et fatigué» face à la litanie des fusillades en milieu scolaire. Le débat sur la régulation des armes à feu aux Etats-Unis tourne pratiquement à vide étant donné l’absence d’espoir d’une adoption par le Congrès d’une loi nationale ambitieuse sur la question.

Le jeune tireur, de nationalité américaine, s’était récemment acheté deux fusils d’assaut et 375 cartouches juste après son 18e anniversaire. Le fusil AR-15, arme extrêmement létale, est connu pour avoir déjà été utilisé dans d’autres fusillades aux lourds bilans, comme la tuerie en 2018 dans un lycée de Parkland en Floride, qui avait fait 17 morts, dont une majorité d’adolescents. ats/afp

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