La Liberté

Le Front national tente de se relever

Marine Le Pen reste à la tête du parti d’extrême droite qu’elle a rebaptisé Rassemblement national

Publié le 12.03.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

France »   Pour mettre sa formation politique sur les rails du pouvoir, il fallait lui donner une image moins «guerrière» et plus rassembleuse. Marine Le Pen, réélue sans surprise hier à la tête du Front national (FN), a donc pris deux mesures: rebaptiser le parti d’extrême droite français Rassemblement national et déchoir son père Jean-Marie, fondateur historique, de son statut de président d’honneur. Des mesures destinées à conjurer la méfiance tenace qu’inspire le parti auprès des autres formations et des électeurs.

«Dédiabolisation»

Le probable futur nom, dévoilé lors du congrès de la «refondation» à Lille, doit incarner la «dédiabolisation» que la dirigeante frontiste s’efforce de mettre en musique depuis qu’elle a pris il y a sept ans la succession de son père Jean-Marie Le Pen. «Ce nom, Front national, est porteur d’une histoire épique et glorieuse (...) mais vous le savez, il est pour beaucoup de Français (...) un frein psychologique», a déclaré Marine Le Pen lors du discours de conclusion du congrès.

«A l’heure où la France vit une recomposition politique, il doit exprimer notre volonté de rassemblement», a-t-elle justifié, balayant ainsi le «front» vieux de 46 ans qui s’appliquerait davantage à un petit parti d’opposition qu’à une formation ambitionnant de gouverner.

A ce passage près, son discours n’a pas dévié de la ligne habituelle. Avec des paroles sur l’immigration, accueillies par la salle aux cris «On est chez nous» et d’autres faisant l’éloge de l’enracinement, par opposition à ce que Marine Le Pen appelle le «mondialisme».

Au-delà de ce simple ravalement de façade, la députée du Pas-de-Calais, en quête d’un nouvel élan, assure vouloir accomplir une «petite révolution». Il s’agit, a-t-elle dit, de faire du parti «un outil de conquête du pouvoir», mieux organisé, mieux préparé.

A cette fin, l’ex-candidate à la présidentielle a entrepris de transformer, au moins en apparence, l’appareil en faisant adopter de nouveaux statuts.

Jean-Marie Le Pen évincé

Le nouveau règlement, ratifié à 79,77% par les militants, se traduit par une refonte des instances internes et par la suppression de la présidence d’honneur, un titre taillé sur mesure pour Jean-Marie Le Pen. Ce statut était le dernier lien qui unissait la formation à son cofondateur, exclu en 2015 à la suite de déclarations polémiques sur la Seconde Guerre mondiale.

Jean-Marie Le Pen, qui a publié ses mémoires une dizaine de jours avant le congrès, a renoncé finalement à venir au rassemblement, une première pour lui. Il avait menacé de recourir si besoin à la «force publique» mais la direction du FN avait prévenu qu’il serait interdit d’entrée, en raison de son exclusion en tant que membre.

Les membres du FN ont en outre renouvelé le comité central, devenu conseil national. Il sert à la fois de parlement de facto et de baromètre de popularité des hauts dirigeants. Le député Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen, et Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), sont arrivés respectivement premier et deuxième de ce sondage grandeur nature, comme en 2014, suivis par Nicolas Bay, David Rachline, Bruno Gollnisch et Julien Sanchez.

Dans les faits, la «dédiabolisation» n’est pas allée à son terme, comme le montre la manifestation anti-FN qui a réuni hier environ 500 personnes dans le centre de Lille, selon la préfecture.

L’exemple italien

Affaiblie par un débat télévisé raté avant le second tour de la présidentielle en 2017, Marine Le Pen tente de tirer un trait sur le passé du Front national. Elle a reçu pour ce faire le soutien d’un invité surprise au premier jour du congrès, samedi: Steve Bannon, sulfureux ex-conseiller de Trump. «L’histoire est de notre côté et va nous mener de victoire en victoire», a assuré cette icône de la droite américaine la plus dure. Il a par ailleurs salué les vues de Marine Le Pen.

«Elle l’a parfaitement décrit: considérez-vous l’Etat-nation comme un obstacle à dépasser ou comme un joyau qui doit être poli, chéri, entretenu?», a-t-il interrogé. Il a appelé à suivre l’exemple des populistes du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, arrivés en tête des législatives italiennes la semaine dernière. Ats/AFP/Reu

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