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Le roi Léopold II est pris pour cible

Publié le 12.06.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Belgique » La polémique sur le passé du Plat Pays rebondit, après l’assassinat de George Floyd aux Etats-Unis.

Monuments du roi Léopold II vandalisés ou déboulonnés: l’onde de choc de l’assassinat de George Floyd, aux Etats-Unis, a atteint la Belgique, de nouveau confrontée aux vieux démons de sa brutale colonisation du Congo, qui fêtera le 30 juin le 60e anniversaire de son accession à l’indépendance.

Léopold II, le 2e roi des Belges, qui occupa le trône de 1865 à 1909, n’a plus très fière allure sur la grande statue qui le représente à cheval, au cœur de Bruxelles. Ses mains ont été peintes en rouge, de la même couleur que le sang qui, aux XIXe et XXe siècles, a abondamment coulé en Congo, dont le souverain fut le propriétaire privé de 1885 à 1908, avant de léguer l’immense pays à la Belgique. Diverses inscriptions ont également été taguées sur le monument: «Black Lives Matter» (la vie des Noirs compte), «Assassin», «Fuck U», «This man killed 15M people» (cet homme a tué 15 millions de personnes).

Léopold II, un roi exterminateur? La réponse est claire, pour tous ceux qui militent en faveur d’une décolonisation de l’espace public en Belgique. Plus de 75 000 d’entre eux ont signé une pétition de l’association Réparons l’histoire, qui réclame que soit enlevée à Bruxelles, d’ici au 30 juin, le jour du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, toute statue «en hommage à Léopold II», présenté comme «un héros pour certains mais aussi un bourreau pour un grand peuple».

Mais une contre-pétition a également été adressée aux autorités bruxelloises, qui témoigne que la Belgique n’a pas encore tourné la page de son passé colonial – un groupe d’experts de l’ONU l’avait d’ailleurs déploré, en février 2019.

Selon les responsables des 12 associations qui ont signé cette «lettre ouverte» au bourgmestre (maire) de Bruxelles, la pétition «se base essentiellement sur des fantasmes et non sur l’histoire». Ils dépeignent Léopold II comme «un roi visionnaire et ambitieux, totalement ancré dans son temps, à qui l’on peut certes adresser bien des reproches mais en aucun cas celui d’avoir été un génocidaire».

Le monde politique s’est emparé du débat, qui devrait également porter sur les noms de certaines artères et stations de métro bruxelloises (tunnel Léopold II, boulevard Général-Jacques, station Pétillon, etc.) rappelant l’histoire coloniale de la Belgique. Leur grande taille jure il est vrai avec l’étroitesse du square Patrice-Lumumba (un des pères de l’indépendance congolaise) qui a été inauguré en 2018 à l’entrée du quartier africain de Matongé.

Dans la partie francophone, la ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a proposé de généraliser les cours sur l’histoire du Congo et de la colonisation. Le secrétaire d’Etat au Patrimoine de la région bruxelloise, Pascal Smet, a proposé d’organiser un vaste débat sur l’avenir des statues de Léopold II, qui pourraient selon lui trouver leur place dans un futur «mémorial de la décolonisation» qu’abriterait la capitale de l’Europe. Tanguy verhoosel

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