La Liberté

Motions rejetées, réforme adoptée

En France, la réforme des retraites est définitivement adoptée après le rejet des motions de censure

Publié le 21.03.2023

Temps de lecture estimé : 5 minutes

France » La réforme des retraites, très impopulaire mais voulue par Emmanuel Macron, a été définitivement adoptée hier à l’issue de deux mois de contestation d’ampleur. Ceux-ci ont considérablement affaibli son gouvernement, confronté à une crise sociale et politique majeure. L’Assemblée nationale française a rejeté deux motions de censure, entraînant l’adoption définitive par le parlement du projet contesté prévoyant un report de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans.

Si la motion présentée par l’extrême droite n’a recueilli que 94 voix sur les 297 nécessaires, une première motion transpartisane avait auparavant été rejetée de justesse, à neuf voix près, illustrant la fragilité de la position de l’exécutif.

Article 49.3

Ces motions, visant à renverser le gouvernement d’Elisabeth Borne, avaient été déposées après la décision jeudi de l’exécutif d’utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter son projet de loi sans vote, fustigée comme un «déni de démocratie» par les partis d’opposition.

Elles ont été débattues dans une ambiance électrique, marquée par des députés qui ont quitté l’hémicycle à plusieurs reprises. Le «gouvernement est d’ores et déjà mort aux yeux des Français», a lancé la présidente du groupe LFI (gauche radicale) Mathilde Panot, après le vote de la motion rejetée de justesse.

Demande de référendum

De leur côté, les députés d’extrême droite (RN) ont dénoncé le «marasme» et «l’enlisement» de l’exécutif. «Alors chiche, Monsieur Macron! Allons à la dissolution», a lancé la députée Laure Lavalette.

La gauche a soumis au Conseil constitutionnel une demande de référendum d’initiative partagée, une procédure devant recueillir 4,87 millions de signatures pour permettre l’organisation d’un référendum.

La première ministre Elisabeth Borne, qui s’entretenait hier soir avec le président Macron, s’est pour sa part dite «déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires», alors que nombre d’observateurs s’interrogent sur son maintien à la tête du gouvernement dans cette crise.

Réforme «injuste»

Après deux mois de concertations et une intense mobilisation syndicale et populaire contre le projet, le passage en force de l’exécutif avec l’usage du 49.3 avait été vilipendé par l’opposition.

Depuis le 19 janvier, des centaines de milliers de Français ont manifesté à huit reprises pour dire leur refus de la réforme. Les opposants la jugent «injuste», notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

A la tribune à l’Assemblée hier, la première ministre a dénoncé «l’antiparlementarisme» des oppositions et le «déchaînement de violence» de certains députés de gauche. Elle a ajouté avoir «bien conscience de l’état d’esprit» actuel du pays et de «l’effort» que cette réforme «demande à bon nombre» de ses «compatriotes».

La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.

Manifestations et blocages

Nombre d’analystes estiment que cette réforme et la contestation qu’elle a entraînée laisseront d’ores et déjà une trace indélébile sur le second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Pendant ce temps, les manifestations de colère et de blocages se poursuivent. Routes bloquées, transports perturbés, hall d’aéroport et campus occupés, actions de mobilisation dans les lycées… Dès l’annonce du rejet des motions, des centaines de personnes sont descendues hier soir dans les rues de Paris. Plus tôt, des étudiants avaient voté l’occupation de la faculté de Tolbiac.

Le chef de la gauche radicale, le tribun Jean-Luc Mélenchon, a lui appelé à «passer à la censure populaire», «en tout lieu et toute circonstance». Dans la capitale toujours, le ramassage des ordures reste perturbé malgré les réquisitions ordonnées par le préfet.

Nouvelle journée d’action

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a, elle, demandé aux compagnies aériennes d’annuler ce mardi et demain 20% de leurs vols à Paris-Orly et à Marseille-Provence (sud-est).

Une nouvelle journée de grèves et de manifestations est prévue jeudi à l’appel des syndicats, qui continuent à réclamer le retrait du texte. ats/afp

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