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Procès des démocrates à Hong Kong

Quarante-sept militants pro-démocratie encourent la prison à vie. Leur procès durera quatre mois

Publié le 07.02.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Chine » La prison à perpétuité. C’est ce que risquent 47 personnes, accusées d’avoir enfreint la drastique loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Hier s’ouvrait le plus grand procès de militants pro-démocratie pour quatre mois. L’affaire est devenue pour les détracteurs de Pékin le symbole de la criminalisation de la dissidence à Hong Kong. Les 47 accusés, dont un juriste et d’anciens députés, encourent la prison à vie s’ils sont reconnus coupables de «complot en vue de commettre un acte de subversion». Seize d’entre eux ont déjà plaidé non coupables.

Les accusés, dont la plupart sont emprisonnés depuis près de deux ans, affirment qu’ils sont poursuivis pour avoir pris part à une action politique. Les défenseurs des droits humains et observateurs politiques soulignent, eux, combien ce procès illustre l’utilisation du système judiciaire hongkongais pour écraser le peu d’opposition qu’il reste dans cette ville, depuis la répression des manifestations pro-démocratie de 2019.

«Un acte de subversion»

Les personnes jugées représentent un large éventail de l’opposition hongkongaise – depuis l’éminent juriste Benny Tai jusqu’aux anciens élus tels que Claudia Mo, Au Nok-hin et Leung Kwok-hung, en passant par de jeunes militants pro-démocratie comme Joshua Wong et Lester Shum. Tous ont été conjointement inculpés en mars 2021 de «complot en vue de commettre un acte de subversion» pour avoir organisé, en 2020, une élection primaire officieuse destinée à sélectionner des candidats de l’opposition en vue des législatives. Leur objectif déclaré était alors d’obtenir une majorité au sein de l’assemblée partiellement élue de la ville, afin de mettre leur veto aux budgets et de forcer potentiellement à la démission la dirigeante pro-Pékin de Hong Kong alors en place, Carrie Lam.

Les autorités de Hong Kong les accusent d’avoir tenté de renverser le gouvernement pro-Pékin de la ville. En dépit des avertissements officiels, plus de 610 000 personnes ont voté aux primaires, soit près d’un septième des habitants de Hong Kong en âge de voter. Face à cette mobilisation, les autorités ont finalement renoncé à l’élection de l’assemblée hongkongaise et Pékin a instauré un nouveau système politique qui contrôle strictement les candidats au pouvoir.

Pour avoir organisé ces élections, les 47 opposants à Pékin sont tombés sous le coup de la loi de sécurité nationale, instaurée en 2020. La loi, qui a brisé toute dissidence dans la métropole, marquait la fin du principe «un pays, deux systèmes», qui régissait alors les relations entre Pékin et Hong Kong. La Chine affirme que ce texte législatif était nécessaire pour calmer les immenses manifestations, qui ont donné lieu à des affrontements, parfois violents, entre les forces de l’ordre et les manifestants.

A l’ouverture du procès des 47 militants, un petit groupe de manifestants s’est rassemblé hier devant le tribunal de Hong Kong. Deux d’entre eux, qui scandaient «Libérez immédiatement tous les prisonniers politiques», ont déployé une banderole, sur laquelle était écrit «La répression est éhontée». Un autre manifestant a été aperçu le poing levé en signe de solidarité avec les accusés. Un grand nombre de policiers a été déployé à proximité. Par ailleurs, plus d’une centaine de personnes ont fait la queue devant le tribunal, certains pendant la nuit, dans l’espoir d’assister au début du procès.

Un test pour l’Etat

Le procès sera très suivi à Hong Kong, notamment par les analystes judiciaires et politiques. Il représente un test majeur pour l’indépendance et l’Etat de Hong Kong. Il se déroule en audience publique, mais sans jury, ce qui constitue une entorse à la tradition de common law de Hong Kong. Quelques semaines avant l’ouverture du procès, le président de la Cour suprême de Hong Kong, Andrew Cheung, s’est défendu contre les accusations de politisation du système judiciaire. «Si, inévitablement, la décision du tribunal peut parfois avoir un impact politique, cela ne signifie pas que le tribunal a pris une décision politique», a-t-il jugé. ATS/AFP

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