La Liberté

Une future nomination qui inquiète

Le président Trump pourrait promouvoir à l’Intérieur un ancien lobbyiste des industries pétrolières

Isabelle Hanne, New York

Publié le 18.12.2018

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Etats-Unis » Le turnover continue au sein du gouvernement de Donald Trump. Après avoir remercié son chef de cabinet, John Kelly, et choisi vendredi comme remplaçant intérimaire l’ultraconservateur Mick Mulvaney, actuel directeur du Budget, le président américain a annoncé ce week-end le départ «à la fin de l’année» du secrétaire de l’Intérieur, en grande partie chargé d’appliquer sa politique environnementale, le très controversé Ryan Zinke.

Cet ancien militaire et élu du Montana multipliait les casseroles et les enquêtes, notamment pour ses dépenses excessives de deniers publics (déplacements en jets, rénovation de ses portes de bureau pour des sommes colossales…).

Preuve de fébrilité

Ce départ est une nouvelle preuve de la fébrilité de l’exécutif, qui devra affronter dès janvier une surveillance accrue de la Chambre des représentants, désormais dominée par les démocrates. Ryan Zinke était l’un des membres du cabinet Trump le plus susceptible d’être mis en cause. Une enquête a notamment été ouverte pour une transaction immobilière, dans son Etat du Montana, entre une fondation dirigée par sa femme et le président de la multinationale parapétrolière Halliburton.

La gestion de son portefeuille, compétent notamment dans la protection et l’exploitation des ressources naturelles, et la gestion des terres publiques dont les parcs nationaux, faisait hurler l’opposition et les associations environnementales depuis des mois.

Son remplacement devrait être annoncé cette semaine. Mais selon plusieurs médias américains, il pourrait s’agir de l’actuel numéro 2 à l’Intérieur, David Bernhardt, 49 ans, un ancien lobbyiste des industries pétrolières, gazières et de l’eau. Des industries qu’il devra réguler, s’il est nommé secrétaire. Trump le jugerait efficace, et surtout, il a déjà été confirmé par le Sénat. Un gain de temps non négligeable pour une administration en remaniement permanent.

«Si Ryan Zinke était mauvais, son probable remplaçant, David Bernhardt, est encore pire», s’est alarmée l’Alaska Wilderness League, une ONG de protection des terres sauvages de l’Alaska, dans un communiqué samedi.

Déjà à la manœuvre

Selon de nombreux observateurs, Bernhardt est depuis longtemps à la manœuvre, en coulisses, pour mettre en place la vision du président Trump en matière de production énergétique domestique et d’extraction. Alors que Ryan Zinke était empêtré dans ses affaires, c’est son numéro 2 qui a réorganisé le département et ses 70 000 employés, ou assoupli les régulations en matière de protection des espèces en danger, une aubaine pour le forage dans des zones vulnérables par les entreprises gazières et pétrolières. En un an et demi, Bernhardt a facilité les permis de forage sur terre et offshore, réduit les zones protégées pour les espèces en danger, et encouragé la Californie à céder des réserves d’eau protégées à l’industrie agricole.

Dans un portrait qu’il lui consacrait en novembre, le Washington Post racontait même que David Bernhardt se promène en permanence avec la liste de tous ses anciens clients et potentiels conflits d’intérêts, de peur d’en oublier. © Libération

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11