Une ville bosnienne submergée
Des milliers de migrants arrivent en Bosnie, espérant passer en Croatie. Ils sont aidés par les citoyens
Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin, Bihac
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Balkans L Les voitures sont rares sur les routes de la Lika, une région déshéritée de l’est de la Croatie, flanquée sur les frontières de la Bosnie-Herzégovine. Seules des fourgonnettes de la police patrouillent dans les collines. «Les clandestins marchent la nuit au fond de la vallée, en se cachant comme des bêtes sauvages», lâche le patron d’un mauvais hôtel qui guette les touristes sur la route nationale descendant de Zagreb.
Chaque jour, de jeunes hommes, parfois des familles entières, sont arrêtés et aussitôt renvoyés vers la Bosnie, sans que la police ne rende publiques les statistiques de ces expulsions. Mohammed, sa femme et leurs deux enfants viennent d’être reconduits au poste-frontière d’Uzljebic. Avec quelques compagnons d’infortune, ils se sont frayé un chemin durant trois jours dans les buisso