La Liberté

La grande bibliothèque d’Alexandrie

Olivier

Publié le 25.05.2018

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Opinion

Garder précieusement des traces du passé pour mieux comprendre le présent. Toutes les civilisations qui nous ont précédés l’ont fait et toutes celles qui nous entourent le font encore. Elles confèrent généralement cette tâche à une institution particulière de l’Etat que l’on appelle bibliothèque. Cela est important, bien entendu. Toutefois, il faut bien être conscients qu’aujourd’hui, la bibliothèque s’emploie au-delà de cette mission. Elle doit, en effet, être au service des personnes et participer à la réflexion ainsi qu’au partage des idées et du savoir. Elle est un lieu d’échanges, un reflet de notre société.

Voyons la situation dans l’Antiquité. Nous sommes au IVe siècle avant J.-C. Un jeune roi du Nord de la Grèce, Alexandre, qui mérita le surnom de Grand, conquit le Proche et Moyen-Orient. Il y établit le mode de vie et la langue grecs, cette dernière devenant internationale comme l’anglais de nos jours. Bref, la culture hellène s’imposa, de la Méditerranée orientale aux portes de l’Inde. Durant ses pérégrinations, le jeune roi fonda de nombreuses villes auxquelles il donna son nom, la plus célèbre étant Alexandrie d’Egypte, toujours aussi connue de nos jours. Là se trouvait la plus grande bibliothèque de l’Antiquité qui avait comme ambition de réunir en son sein toutes les œuvres écrites du monde, du plus modeste livre de cuisine au plus fin poème d’amour, en passant par des discours politiques ou des plaidoiries tenues au tribunal.

C’est dans ce contexte que prit place la fameuse traduction de la Bible par les Septante. Initialement, l’Ancien Testament avait été traduit en langue grecque pour les Juifs hellénisés qui ne comprenaient plus ni l’hébreu, ni l’araméen. Toutefois, il semble que l’entreprise avait été soutenue par le pharaon (d’origine grecque) qui désirait sans doute en posséder la traduction.

Pour avoir tous les textes à disposition dans la bibliothèque, on eut recours à un stratagème pour le moins curieux: on obligeait les bateaux faisant escale à Alexandrie à fournir toutes les œuvres écrites qu’ils avaient à bord. On les recopiait, gardant l’original et on leur rendait la copie au prétexte qu’ayant été moins recopié, l’original contenait sûrement moins d’erreurs.

De nos jours, de telles pratiques ont heureusement disparu, mais subsiste cette institution. Au moment où l’on votera le crédit d’agrandissement de la bibliothèque cantonale à Fribourg, il vaut la peine de constater que ses buts sont paradoxalement semblables à celle d’Alexandrie durant l’Antiquité. Toutes les deux veulent, en effet, être garantes de la pensée et du savoir de l’humanité. Toutefois, étant donné les progrès actuels, elles le font différemment: plus besoin, en effet, de réquisitionner les manuscrits pour les recopier, désormais d’autres moyens technologiques sont à disposition. L’agrandissement envisagé permettrait d’exploiter ces abondantes ressources.

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