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La Gruyère redessine ses homes

Pringy accueillera un nouvel EMS, alors que la carte des homes gruériens est entièrement revue

La Gruyère redessine ses homes
La Gruyère redessine ses homes

Guillaume Chillier

Publié le 15.11.2018

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Personnes âgées » C’est une «véritable stratégie» de régionalisation qui a été présentée hier à la presse par le préfet de la Gruyère, Patrice Borcard. Une planification de la prise en charge des personnes âgées qui doit permettre au district de faire face au vieillissement de la population d’ici 10 à 15 ans. Une population gruérienne dont les plus de 80 ans doubleront d’ici à 2035, à 4000 personnes.
C’est un changement de paradigme dans le domaine qui se traduit par deux annonces importantes. Premièrement, c’est la commune de Gruyères, plus précisément le village de Pringy, qui accueillera le nouvel établissement médico-social (EMS) du district (lire ci-dessous). Il remplacera ceux, vétustes, d’Humilimont (Marsens) et de Saint-Germain (Gruyères). 
Deuxièmement, le Réseau santé et social de la Gruyère (RSSG) a cartographié sa future offre médico-sociale et présenté la façon dont il voyait l’avenir de la prise en charge des personnes âgées.

Où prévoir quoi?

Le tout dans l’esprit de ce qu’encouragent le concept Seniors+ et la loi sur les prestations médico-sociales, ainsi que la philosophie du «concept régional d’accompagnement» approuvé par les communes en 2015 (lire aussi ci-dessous). Des décisions qui visent à favoriser l’autonomie des personnes âgées, leur maintien à domicile, dans les quartiers et les villages, ainsi que la mise en réseau des établissements.
La planification découpe le district en zones (Centre, Rive gauche, La Sionge, Rive droite, La Jogne, Intyamon). Dans chaque secteur, un EMS de référence a été sélectionné (trois pour le Centre et les deux de la Sionge sont actuellement en fusion). Ceux-ci devront être pensés comme des pôles de compétences: en plus d’un EMS ordinaire, ils comprendront une antenne de soins à domicile, une organisation de repas à domicile, un service de buanderie et de conciergerie sociale, un réseau de bénévoles ainsi qu’une gestion des liens avec la famille, les proches aidants, les médecins ou les autres partenaires de soins. «Ce seront des plateformes qui rayonneront à l’intérieur de leur région», a expliqué Patrice Borcard.
Ces EMS de référence devront être transformés, agrandis, pour devenir les homes de demain. De «super-EMS» qui pensent aussi aux non-résidents, avec des prestations à la carte, plus courtes, suivant les besoins. «C’est un EMS qui s’adapte aux personnes âgées et non l’inverse», a décrit Bertrand Oberson, nouveau chef de projet au RSSG. «L’idée, c’est qu’on puisse entrer dans un EMS mais aussi en sortir. D’où le besoin d’avoir dans cette planification davantage de lits en court séjour que de lits en EMS ordinaire.» Le projet gruérien ne crée pas de nouveaux lits (il y en a environ 500), mais brise la frontière entre le stationnaire et l’ambulatoire en misant sur le maintien à domicile. «C’est aussi cela qui a dicté le choix de Gruyères.»
La mission des autres établissements reste à définir. Une chose est sûre, le RSSG souhaite créer des structures pour les personnes atteintes d’Alzheimer. Une première, fermée, et une deuxième qui pourrait être inspirée du foyer La Famille au jardin, à Saint-Ours, qui favorise le maintien à domicile. Il imagine aussi la création d’une structure, idéalement en milieu urbain, afin de rassembler les personnes atteintes de dépendance et les individus marginalisés.

Des sous et des votes

Reste la question du financement qui doit encore faire l’objet de discussions. Car de l’argent, il en faudra. Et beaucoup. Comparaison n’est pas raison, mais, en Sarine, un tel projet est estimé à 125 millions de francs.
«Nous devrons arriver début 2019 devant les déléguées du RSSG avec un projet à mettre en consultation», a indiqué Patrice Borcard. Son souhait, qu’il considère comme la seule possibilité: que les délégués votent la reprise par le RSSG de la gouvernance de tous les EMS, dont le pouvoir de décision est aujourd’hui dans les mains de communes ou d’associations intercommunales. Selon lui, cela faciliterait grandement la gestion des investissements, entre autres. L’objectif est d’arriver à la fin de l’année prochaine avec des choix clairs et arrêtés. Histoire de donner rapidement un coup de barre pour diriger le paquebot des EMS gruériens. 


 

Un EMS à côté de La Maison du Gruyère

La commune de Gruyères a été choisie pour accueillir le nouvel EMS du district parmi six sites qui s’étaient proposés.

C’était une des informations qui ont amené le préfet de la Gruyère, Patrice Borcard, à convoquer la presse hier à Bulle: le choix du site qui accueillera le nouvel EMS destiné à remplacer ceux d’Humilimont, à Marsens, et de Saint-Germain, dans le cœur historique de Gruyères. Et c’est cette dernière commune qui a gagné le «concours» et qui verra un nouvel EMS de référence, de 75 lits au minimum, sortir de terre à côté de La Maison du Gruyère. Le choix a été fait à l’unanimité d’une commission de sélection composée de membres des comités de direction du Réseau santé et social de la Gruyère (RSSG) et de l’association des EMS intercommunaux, composée de Bulle, Echarlens, Gruyères, Le Pâquier, Marsens, Pont-en-Ogoz, Riaz et Sorens.
«Gruyères a l’avantage de revoir complètement son centre. Dans cette perspective, nous avons été séduits par les collaborations proposées pour rendre cet EMS vivant», a salué Patrice Borcard. En effet, les changements à venir à Pringy sont prometteurs: La Maison du Gruyère va être reconstruite et la commune verrait bien la construction, dans ce secteur, d’une nouvelle maison communale et d’une halle polyvalente. «Et c’est le centre de mobilité de la commune», ajoute Jean-Pierre Doutaz, syndic de Gruyères.
Le financement devrait être assuré par les communes de l’association. Sauf si les délégués du RSSG décident de se mettre tous ensemble. Ce sera alors le RSSG 
qui investira. Côté coût, aucune estimation n’est articulée, mais le dernier EMS construit de 75 lits, à Vuisternens-devant-Romont, a coûté 28,7 millions de francs. La première pierre est attendue pour 2021. GCH


 

Sept districts, sept organisations


Si la Gruyère est en train de faire un pas en avant dans la prise en charge des personnes âgées, les autres districts, aussi, bougent gentiment, forcés notamment par les nouvelles lois en vigueur. Une nouveauté: l’obligation de créer un organe de coordination pour les entrées en EMS, qui se met en place dans les districts (certains l’ont déjà fait). Quant à la mutualisation des coûts et des investissements, ainsi que la meilleure répartition des missions des établissements, «c’est une tendance» dans le canton, «même si nous avons sept districts et sept organisations différentes», indique Emmanuel Michielan, secrétaire général de l’Association fribourgeoise des institutions pour personnes âgées. Celui-ci regrette néanmoins qu’il n’existe pas encore de planification transversale. Notamment entre district, qui s’occupe des EMS, et canton, qui gère les hôpitaux. Un problème, selon lui, notamment quand une personne sort des urgences pour être prise en charge dans une région. GCH

 

 

 

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