La Liberté

La Suisse vend des armes et son âme

Jacques de Coulon

Publié le 26.09.2018

Temps de lecture estimé : 2 minutes

L’exportation de matériel de guerre a progressé de 8% l’an dernier. Parmi les clients de la Suisse, on trouve des pays comme les émirats du Golfe ou l’Arabie, tous plus ou moins compromis dans des conflits régionaux. Pensons au Yémen et à la Syrie où des grenades suisses ont été retrouvées dans les mains d’une milice islamiste. Malgré cela, le Conseil fédéral propose d’assouplir les règles d’exportation d’armes, y compris vers des Etats ravagés par la guerre civile, provoquant un tollé jusque dans les rangs du PDC. Certains députés comme Beat Vonlanthen ou Charles Juillard parlent de détérioration de l’image de la Suisse ou d’affaiblissement de notre tradition humanitaire (LL du 11.9).

L’attitude du Conseil fédéral et de la droite dure contredit aussi le principe de neutralité, pilier de notre Constitution précisant que les Chambres et le gouvernement doivent prendre toutes «les mesures nécessaires pour préserver l’indépendance et la neutralité de la Suisse» (art. 173 et 185). En acceptant d’élargir la vente d’armes vers des pays impliqués dans des conflits meurtriers, nos autorités piétinent la Constitution et renient leur mission.

L’UDC défend notre neutralité. L’ASIN (Action pour une Suisse indépendante et neutre) est issue de ses rangs. J’attends des parlementaires de ce parti qu’ils s’opposent à toute livraison d’armes au Proche-Orient vers des pays qui favorisent l’expansion de l’islam qu’ils combattent par ailleurs chez nous. Il y va de la cohérence de leur programme et de la fidélité à leurs convictions. Or tel ne semble pas être le cas.

De deux choses l’une: ceux qui sont pour ces ventes d’armes sont soit bipolaires, oubliant le pôle de leurs valeurs patriotiques lorsqu’il s’agit de voter pour des valeurs marchandes; soit ils sont sous l’influence des magnats de l’armement qui les invitent dans leurs conseils d’administration. Je ne soutiens pas les voyages tous frais payés de Pierre Maudet ou de Pascal Broulis. Mais par rapport à des politiciens qui s’engagent pour l’exportation d’armes vers des pays douteux, leurs pratiques ne sont que peccadilles. On devrait plutôt mettre en examen et juger pour trahison les dirigeants favorisant la diffusion d’armes destructrices vers des contrées où ils savent pertinemment qu’elles seront utilisées. J’exagère? Demandez aux familles syriennes qui ont perdu un proche tué par une grenade venue de notre chère Helvétie!

Les défenseurs du commerce de matériel militaire nous disent qu’il y va de la santé de notre économie suisse. Des milliers de places seraient en jeu. Je ne demande pas la fermeture des usines d’armement, mais l’abandon des exportations. La fabrication d’armes s’avère nécessaire pour la défense de notre neutralité. D’autre part, certains pourraient se reconvertir dans les énergies durables, par exemple. En attendant, la Suisse vend son âme au Veau d’or. Un Veau d’or qui s’abreuve du sang des victimes. Vive une Suisse humanitaire, indépendante et neutre!

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