Le défi climatique nous pousse à la décroissance économique
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Depuis quarante ans, les scientifiques nous annoncent le même avenir désastreux. C’est avec poésie que vous écrivez, M. Haas, qu’avoir des enfants ne devrait pas, pour autant, être comparé à leur pesant de CO2 (Le mot de la fin du 17 mai, «Attention, les bébés sont des dangers»). Sous votre plume, être parent apparaît comme une bien belle affaire.
Hélas, ce faisant, vous vous moquez, certes avec douceur, de recherches scientifiques, factuelles et sérieuses. Il ne s’agit pas d’opinion, et de rien d’autre que les faits: vos enfants, comme chacun de nous, polluent, participent à la destruction du vivant sur Terre.
De plus, les crises climatiques à venir vont bien au-delà de l’axe pollution versus préservation de la nature. Les scientifiques parlent de la sixième extinction de masse des espèces. Avez-vous déjà entendu parler des boucles de rétroaction climatiques, qui s’enclenchent partout dans le monde? La forêt amazonienne qui passe de puits à producteur de carbone, les perturbations majeures des courants marins, la désertification, le dégel du pergélisol?
Si je comprends son cri du cœur, je ne peux que suggérer à M. Haas de se renseigner sérieusement sur le travail des climatologues (les scientifiques dont la profession est l’étude du climat). Ses enfants, ses petits-enfants l’en remercieront. Car il nous faut des changements drastiques de nos manières de produire et de consommer, et nous devons tout simplement cesser la croissance économique pour faire face au défi climatique.
Il va même falloir décroître. Dans ce contexte, l’argument du cervelas en forêt partagé en famille, malgré son élégance, est effrayant de naïveté.
Armand Yerly, Belfaux