La Liberté

Le Népal nouveau et ses défis

Paul Grossrieder

Publié le 16.01.2018

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Le Népal est un pays de 30 millions d’habitants, qui se caractérise par une exceptionnelle diversité géographique, culturelle, ethnique et religieuse. Parmi les ethnies, retenons les Newar, les Magar, les Gurung, les Tamang, les Sherpas, etc. La religion hindoue est la plus importante, car les rois étaient considérés comme des réincarnations du dieu Vishnu, mais il y a également des bouddhistes, des musulmans et des chrétiens. Le pays s’étend de la chaîne des Himalayas jusqu’à la plaine du Teraï. Cette complexité, ajoutée à la corruption de la classe politique, en fait un pays difficile à gérer et à organiser.

Historiquement, c’est la monarchie qui, depuis le XVIIIe siècle, a assuré l’unité de cette mosaïque. Mais Gyanendra, le dernier roi, personnalité crapuleuse qui a voulu rétablir une monarchie absolue, a définitivement discrédité la royauté himalayenne. Sa politique injuste qui ne prenait pas en compte les diverses identités de ce pays a créé un terreau idéal pour l’activité rebelle des maoïstes, qui ont su tirer profit de cette situation pour mettre fin à la monarchie.

Depuis 2008, le Népal est donc une République. Sa nouvelle Constitution s’inspire en partie de la structure fédérale suisse, afin de respecter la diversité des peuples népalais. Désormais, le pays est divisé en sept provinces similaires à nos cantons, dotées d’un gouvernement et d’un parlement chacune. Lors des élections législatives nationales des 26 novembre et 7 décembre derniers, les partis communiste et maoïste ont remporté une écrasante victoire, qui confirme les résultats des élections locales qui avaient précédé.

Le grand perdant est le Parti du Congrès qui dominait depuis longtemps. Constitué par l’élite hindoue de Katmandou, ce parti s’est progressivement coupé du peuple et s’est rendu très impopulaire. Avec ces dernières élections, le Népal entre dans une nouvelle phase de son histoire. La très nette majorité remportée par les deux partis de gauche devrait enfin assurer une stabilité au pays. Reste que la Province du sud, essentiellement peuplée par l’ethnie madhesi, n’a pas suivi la vague générale. Contrairement aux six autres provinces, elle sera dirigée par un Parti madhesi, proche de l’Inde, qui pourrait créer des problèmes à la nouvelle République.

Sur le plan international, le Népal était traditionnellement sous la coupe de l’Inde. Désormais, le grand voisin du nord, la Chine, est très présent dans l’économie népalaise, notamment par la construction d’aéroports (par exemple à Pokhara, grande ville touristique) et de barrages hydrauliques. Inévitablement, cette nouvelle influence chinoise va irriter l’Inde.

Le nouveau gouvernement central devra trouver un juste équilibre dans ses relations avec ses deux grands voisins. A la suite du grave séisme de 2015 et des récentes inondations, il devra aussi se montrer plus efficace que les gouvernements précédents, coupables de retards inadmissibles. Le chômage (18%) est également un problème endémique.

C’est en relevant ces défis que les nouveaux maîtres communistes et maoïstes conserveront leur popularité auprès de leurs électeurs et gagneront la confiance des Népalais.

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