La Liberté

Le piège de la «mère courage»!

Publié le 29.09.2017

Temps de lecture estimé : 1 minute

«Il est symptomatique qu’on ne puisse lire une interview de femme sans que ne ressorte à un certain moment une référence à sa «condition». Telle blogueuse a moins de temps pour poster ses vidéos, mais «heureusement, mon mari m’aide beaucoup» à la maison, déclare-t-elle, et telle candidate au Conseil fédéral se félicite d’avoir brigué le sommet de l’Etat en tant que «mère de famille séparée, avec enfants en âge de scolarité» (!) (LL du 21 septembre).

Que nous disent ces petites phrases résolument positives, surgissant inopinément de la bouche de leurs auteures et toujours reprises scrupuleusement par les médias?

En clair, on l’a compris, que ces femmes sont fières d’en faire toujours plus et d’arriver à «tout gérer». En creux, qu’elles subissent le poids des tâches domestiques et éducatives qui leur incombent encore et toujours, et que ça ressort même quand elles parlent d’autre chose. Mais, à notre époque, on n’ose plus taper sur la table ni même penser le négatif. Il s’agit donc de faire une fierté d’une condition injuste et insatisfaisante.

Le problème est que cette attitude de «mère courage» n’incite personne à changer, ni à la maison, ni au boulot. Pire, elle conforte l’opinion que les femmes sont moins professionnelles, car elles ont toujours l’esprit à leur famille.

Le fait que chaque femme évoque ce sujet montre que l’égalité est une problématique à part entière. Rien n’évoluera si, d’une part, ce ne sont que les femmes qui en parlent, ni, d’autre part, si chacune le fait pour soi, en se convainquant que ça ne va finalement pas si mal pour elle.

Véronique Piller,

Fribourg

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