Le ramadan des non-musulmans
Rachad Armanios
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«Qu'est-ce que je vous sers?» «Rien pour l'instant, merci.» Attablé à une terrasse, Julien Abegglen, 31 ans, parle des motivations qui le poussent à suivre depuis neuf ans le jeûne du ramadan, bien qu'il ne soit pas musulman. «Rien ingurgiter durant la journée, ce n'est pas difficile, commence-t-il une fois la serveuse partie. Mais suivre le jeûne à Genève, c'est pénible. Dans cette société de surconsommation et d'hédonisme exacerbé, on est en permanence en porte-à-faux.» Lui-même hédoniste le reste de l'année, Julien Abegglen ne fait bien sûr pas référence à la bière que nous sirotons sans aucun souci de solidarité...Sa pratique du jeûne n'a rien de religieux mais se veut spirituelle: «Je n'irais pas à la mosquée», confie-t-il. En revanche, l'ascèse qu'il s'impose est «un voyage intérieur, à la rencontre des passions qui m'habitent».Rien de tel au départ. Etudiant l'arabe à l'Université de Genève, le jeune homme voulait apprendre cette langue et sa culture en expérimentant l'un de