La Liberté

Le silence de la solitude

Publié le 19.12.2017

Temps de lecture estimé : 1 minute

«Une auberge de village, un soir de décembre. Il faisait déjà nuit et mes souliers crissaient sur la neige. Je suis entré. Du bois craquait dans le feu de la cheminée. Autour d’une table ronde, des gens de l’endroit conversaient sur les élections à Berne. Avec des sourires épanouis, ils ont commandé une fondue. A l’arrivée du caquelon, tous se sont tournés vers un octogénaire qui vit seul dans une petite ferme et qui était accoudé à une autre table. L’un d’eux lui dit: «Il ne faut pas rester seul, venez avec nous Gustave! Que diable! Ce n’est pas tous les jours qu’on fête un anniversaire…!» Il aurait aimé se joindre à l’équipe, mais il a fait «non» de la tête. Et, comme l’aubergiste le connaissait, il lui proposa de partager ce mets national en leur compagnie. Il a encore dit non. Stupéfaction! Alors, seulement, j’ai compris.

Les «trois décis» qu’on s’accorde parfois à la pinte villageoise, ça redonne du moral. On a toujours dans sa bourse de quoi les payer. Mais la fondue, c’est une autre affaire, même si ça ferait plaisir de s’attabler avec les autres et d’y aller de son coup de fourchette… Hélas! Avec une petite AVS, on ne peut que rarement s’offrir un bon menu. Même pas à Noël. L’occasion était pourtant belle et chaleureuse, mais Gustave a une ligne de conduite dictée par son caractère: ne pas profiter de la générosité des autres, ni faire le mendiant.

Il est parti dans la nuit sans dire un mot à personne. Le silence de la solitude.

Gérard Bourquenoud,

Fribourg

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