La Liberté

Allô Kloten? Allô Jean-Claude?

«Bienvenue au club!» • Les turbulences, ça connaît Jean-Claude Donzel. L'ancien porte-parole de Swissair voit aujourd'hui ses Flyers bien-aimés friser le grounding. On lui a téléphoné...

Jean-Claude Donzel, 67 ans, avait rejoint le staff des Aviateurs en 1996 quand Swissair (dont il a été le porte-parole) avait repris le club financièrement en perdition. © DR
Jean-Claude Donzel, 67 ans, avait rejoint le staff des Aviateurs en 1996 quand Swissair (dont il a été le porte-parole) avait repris le club financièrement en perdition. © DR

Pascal Bertschy

Publié le 17.03.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Un ciel plombé flotte sur Kloten. Le plus vieux pensionnaire de notre ligue A de hockey, devenu saison après saison un gouffre à millions, sent approcher la catastrophe. Pour Jean-Claude Donzel, ce ne serait pas la première. 

Lui, vous vous souvenez? Jean-Claude Donzel a été le porte-parole francophone de Swissair. Lors du grounding, il apportait de mauvaises nouvelles avec vaillance et dignité. Cela lui avait valu la sympathie du grand public. 

«J'ai bien senti cette sympathie, mais cette période était quand même dure», raconte le Biennois de Bülach, qui a poursuivi sa carrière chez Swiss jusqu'à sa retraite en janvier 2012. A côté de ça, il est depuis une vingtaine d’années une des figures les plus aimables du HC Kloten. Son rôle: bénévole au sein du service de presse.

Kloten par ci, Kloten par là, allez hop, on téléphone à notre agent chez les Flyers. D’abord, Jean-Claude, savez-vous ce qui se passe aujourd’hui dans votre club? «Non, la valse des rumeurs et des éventuels repreneurs, je la découvre comme vous par voie de presse et cela ne me dérange pas outre mesure. C’est le business, c’est comme ça.» 

Non non, il ne porte pas la poisse!

Hier Swissair, aujourd’hui les Flyers: porteriez-vous la poisse partout où vous passez? Il rit: «J’espère que non! Il n’y a aucun lien entre ces situations de crise et moi mais, bien sûr, vous n’êtes pas le premier à me taquiner là-dessus.» 

Jean-Claude Donzel, 67 ans, avait rejoint le staff des Aviateurs en 1996 quand Swissair avait repris le club financièrement en perdition. «Kloten en est à sa quatrième crise existentielle, ce qui est usant à la longue. Dans ces conditions, comment souffler un peu et construire du solide?» 

Pas de panique! Donzel, qui a l’habitude de voyager en classe tous risques, croit en une énième survie de ses Flyers bien-aimés. Et n'oublie pas ce qu'il leur doit: «J’ai servi Kloten par amour du hockey, du club, et aussi parce que je voulais vivre les matches de l'intérieur, c'est-à-dire un peu plus qu'en simple spectateur.»

L'ami de Pavoni et compagnie

Au Schlüfweg, devenu la Swiss Arena, ses bonheurs ont été nombreux. En particulier avec les quatre titres conquis de 1993 à 1996 et à travers les liens noués avec Hollenstein père et fils, Reto Pavoni et autres légendes du club. «Là où mon cœur a toujours balancé, c’est contre Bienne. Mon autre club...» 

A Bienne, Jean-Claude a grandi à quelques centaines de mètres de la patinoire articificielle. «Mon père m’emmenait aux matches, mais pas tous. Les soirs où je devais rester à la maison, je savais quand même le score et ce qui s’était passé: j’étais à la fenêtre pour écouter les annonces du speaker!» 

Donzel se revoit jouant au HC Bienne, gamin, et admirant plus tard le grand HCB d'Anken, Kölliker et des trois «L». Il se souvient aussi du jour il s’est cru milliardaire, en 1974, quand l’entraîneur Francis Blank lui fit cadeau d'une canne. «Je gagnais déjà ma vie mais un bâton, pour moi, c'était déjà un trésor. J’appartiens à une génération pour qui les choses les plus simples n’avaient pas de prix.»

 

Allons, papa, un Donzel se relève toujours!

Si Donzel a joué au foot en deuxième ligue et entraîné le FC Swissair, naguère, il trouve aujourd'hui le hockey meilleur pour l’adrénaline. Il a surtout fait un mariage heureux avec Gisèle, une enfant de Brigue, et accompli de 1967 à 2001 une belle carrière dans nos deux compagnies aériennes. 

Il a deux fils, Vincent et Sébastien, qui font sa fierté. «Dans les moments difficiles, quand vos garçons viennent vous dire: «Ne t’en fais pas, papa, un Donzel se relève toujours!», eh bien c’est que vous avez réussi à leur transmettre certaines valeurs.»    

Kloten, lui, se relèvera-t-il? «Je serais très triste s’il arrivait malheur au club, évidemment, mais les accidents et les défaites font partie du jeu. Le sport nous apprend à les accepter et, en cela, il est plein de philosophie. Moi, il m’a enseigné que l'incertitude n'empêche pas la bonne humeur ou l’optimisme. Et que les malheurs en sport sont très inférieurs, en général, aux tragédies de la vie...» 

Des Aviateurs sont en détresse, à Zurich, mais leur plus jovial serviteur n’en fait pas un drame. Moralité: il est permis de ne pas tout prendre au tragique et jamais interdit d'espérer. Faites passer.

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