La Liberté

Bande de brutes épaisses!

Nous sommes dans les play-offs, youpla boum, et plus que jamais, tagada tsoin tsoin, vous adorez le hockey? Eh bien laissez-nous vous parler de quelqu'un qui, lui, déteste ce cirque...

Pour certains ces brutes épaisses qui se tapent dessus sont grotesques... DR
Pour certains ces brutes épaisses qui se tapent dessus sont grotesques... DR

Pascal Bertschy

Publié le 12.03.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Le hockey est un sport de brutes épaisses, de barbares. Il ne s’agit pas d’un sport, d’ailleurs, mais d’une foire d’empoigne n’intéressant que des spectateurs dont le regard étroit restitue parfaitement l’idiotie pétillante. Attendez, stop! Avant de m’écrire pour m’insulter, sachez que ce n’est pas moi qui dis ça. Je ne faisais que résumer l’opinion d’un copain, Philippe, à qui le hockey inspire une répulsion ardente.

Tout le monde a l’air de s’émerveiller, aujourd’hui en Suisse, de la formidable popularité que connaît le hockey. Ne nous emballons pas. Parmi ses 8 millions d’habitants, le pays doit compter davantage de gens indifférents à ce jeu de glace que de gens qui en sont fous. Sans parler de ceux qui sont allergiques à la rondelle.

Le gentleman et l'incroyable Hulk

A l’ATP des anti-hockey, Philippe figure sans doute dans le «Top 10». Notez, eu égard à son humour souverain et à son amour du football, ce quadragénaire mériterait d’être britannique. Parlez-lui de Liverpool, d’Arsenal, du Barça, de Dortmund ou du Lausanne-Sport, son club adoré (oui, il fait partie des huit derniers supporters du LS) et il se métamorphosera en champion de l’analyse. Se glisseront dans ses propos des tas de nuances, des traits d’esprit, des finesses toujours instructives.

Mais prononcez le mot «hockey» devant ce Payernois, et son visage se voilera aussitôt. Dites «patinoires», «crosses», «patins» et tout le barda, puis planquez-vous. Philippe risquerait de hurler sa rage, de devenir vert et gigantesque, d’arracher sa chemise et enfin de démonter toute la ville. Le hockey a beaucoup de pouvoirs, dont celui-là: il peut transformer un parfait gentleman en incroyable Hulk.

Ce puck ridiculement petit

Allons, Philippe, ne te fâche pas et dis-nous plutôt ce que tu reproches au jeu le plus populaire du pays. Bon, déjà, la concurrence qu’il fait au football – sport civilisé, lui. Après, il y a ce puck tout petit que personne ne voit. Et puis, tout aussi ridicule, il y a ces équipes qui jouent l’une contre l’autre 473 fois en une saison.

Euh... c’est tout? Non, sont également grotesques ces brutes épaisses qui se tapent dessus ou se plaquent contre la bande. Ces types casqués, en plus, tu ne vois pas leur faciès et ils n’ont aucune expression. A l’inverse, si tu prends un Ribéry, tout le monde connaît son visage. Lui, dans trente ans, on le reconnaîtra toujours! Hum, si tu veux bien, Philippe, évitons d’effrayer les gens. Laissons Ribéry et revenons-en à notre sujet.

Et le bouzkachi, c'est un sport?

J’ai beau aimer le hockey, j’envie quand même un peu Philippe. Comme j’aimerais pouvoir détester, moi aussi, telle ou telle discipline! Cela me rendrait plus drôle dans les discussions que nous avons entre sportifs. Surtout dans notre futile blabla sur ce qui est ou n'est pas un sport.

Au fond, qu'est-ce que ça peut bien foutre que le golf, la gymnastique à ruban, la Formule 1 ou le bouzkachi soit ou non un sport? Seul compte le plaisir qu'on prend à le pratiquer ou à le voir pratiquer par des champions, tout le reste n'étant que préjugés et vain conformisme.

Tenez, longtemps, j’ai détesté le ski. En tout cas, c’est ce que j'affirmais. Je ne haïssais pas le ski, pourtant, et voyais bien sa beauté. Ce que je détestais, en fait, c’est ce moment où on m’avait mis pour la première fois sur des lattes à 6 ans. Je n’avais pas parcouru un mètre qu’on me criait déjà que j’étais nul. L’affaire était entendue, je vomirais le ski toute ma vie.

Philippe, lui, a vu peu à peu le football suisse se faire tailler des croupières – on se demande bien pourquoi! – par le hockey. Cela fait partie des choses impossibles à pardonner. Du coup, mon copain exècre le hockey avec une mauvaise foi réjouissante et aurait tort de se gêner.

Le sport est fait pour ça, aussi.

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