Tous ces chiffres brillent par leur inutilité. Les statistiques, disait l’autre, c'est comme les minijupes: ça montre beaucoup de choses mais ça cache l'essentiel. Quelle camelote! Les stats envahissent le sport et les écrans, aujourd’hui, au point qu’on n’y prête même plus attention. Cela frise l'absurde. Pourtant, moi qui me fous des statistiques comme de mes premières socquettes, je trouve qu’il serait intéressant cette semaine d’en connaître quelques-unes. Par exemple :

Le nombre de personnes, parmi les téléspectateurs ayant regardé Angleterre-France mardi soir, qui n’auraient pas été émues par la poignante minute de silence observée à Wembley en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre à Paris (lire notre dossier via ce lien).

Le pourcentage de téléspectateurs qui ont suivi ce match sur TF1 et ont regretté que les commentateurs n’aient pas songé, de leur côté, à observer deux bonnes heures de silence.

La quantité de passionnés de foot en Europe qui vont faire automatiquement du Paris Saint-Germain le club de leur cœur, maintenant que tout le monde est solidaire des Parisiens et de la capitale meurtrie.

Le nombre de chroniqueurs qui auront le mauvais goût, tôt ou tard, de parler du Paris Saint-Germain comme d’un club qatari.

Le Qatar, réflexion faite...

Les risques, sur une échelle de 1 à 100, de voir l’Euro 2016 en France puis le Mondial 2018 en Russie devenir le théâtre d’un attentat djihadiste.

La probabilité de voir des groupes islamistes armés prendre pour cible la Coupe du Monde 2022 au Qatar, pays souvent présenté dans la presse internationale comme étant un important sponsor du terrorisme.

Le nombre de gens qui finiront par se dire qu’on ne pouvait pas trouver endroit plus sûr que le Qatar pour organiser une Coupe du Monde, et trouveront que la FIFA a eu finalement une super idée en filant le Mondial 2022 à ce pays.

La quantité de connaissances sur le foot et surtout de neurones que pouvait posséder l’homme qui a introduit, dans les statistiques, le nombre de kilomètres parcourus en un match par les footballeurs.  

Adieu Jonah, bonjour tristesse

La part d’amoureux du sport qui ont éprouvé une grande tristesse en apprenant la mort de Jonah Lomu et ont eu un pincement en songeant que le dieu du rugby n’aura jamais été champion du monde.

Le nombre d’adorateurs de Roger Federer ayant retenu que le Bâlois vient l'air de rien de mettre fin à une série de 38 victoires indoor pour Novak Djokovic, lequel ne s'était plus incliné sur court couvert depuis 2012.

La quantité d’hommes sur terre qui n’auraient pas été effleurés une seconde, à la place de Lewis Hamilton, par l’idée de quitter une aussi chic fille que Nicole Scherzinger.

Combien de sportifs aujourd'hui?

Le total des personnes qui regarderont du sport à la télévision, aujourd’hui sur notre planète, et le nombre de gens qui préféreront en faire.

La proportion d’élus de l’opposition, au sein de la municipalité de Kiev, prêts à se lancer dans un débat viril et musclé avec Vitali Klitschko (2m01, 115 kg), l’ancien champion du monde de boxe des poids lourds qui vient d’être réélu maire de la capitale ukrainienne.

La quantité de gens en Suisse qui suivent le hockey sur glace de façon aussi lointaine que superficielle et croient que le jeune Bertschy qui a effectué ses débuts en NHL avec Minnesota, l’autre soir, est le même type qui signe des chroniques sur le site de «La Liberté».

La proportion de gens, parmi les êtres normalement constitués, qui prennent chaque statistique pour argent comptant.