La Liberté

Gerd et les autres Zenhäusern

«Bienvenue au club!» • S'il y a un homme de hockey content de voir Gerd aux commandes de Gottéron, c'est son oncle Bruno. Alias «Monsieur HC Viège», à qui on a passé un coup de fil... Retour sur la saga des Zenhäusern.

«Gerd, qui a du sang-froid et connaît parfaitement le hockey, est la bonne personne pour réussir» à la tête des Dragons, assure son oncle Bruno. © Corinne Aeberhard
«Gerd, qui a du sang-froid et connaît parfaitement le hockey, est la bonne personne pour réussir» à la tête des Dragons, assure son oncle Bruno. © Corinne Aeberhard

Pascal Bertschy

Publié le 22.10.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Pfft, Gerd Zenhäusern a donc quitté Bienne pour Fribourg et un poste de chef. Vous, Bruno, vous êtes content pour lui? Très heureux, oui, répond Bruno Zenhaüsern au téléphone. C'est une chance pour Gerd, dit le tonton, qui connaît le hockey et son neveu par cœur. 

Bruno Zenhaüsern, 69 ans, c'est «Monsieur HC Viège». Six ans en ligue A et dix ans en ligue B comme joueur, entraîneur-joueur une saison, coach à différentes périodes puis assistant jusqu'en 2012, il a voué sa vie à son club. Un demi-siècle de fidélité. 

Le grand Aldo manque aux siens

Bruno, il mériterait d'avoir une statue devant la Litternahalle, où débuta aussi son frère. Le grand Aldo Zenhaüsern, c'est-à-dire le père de Gerd, ancien capitaine de l'équipe nationale, champion suisse avec Bienne en 1978 et 1981. 

Aldo a été emporté par un accident cardiaque en 2012 à l'âge de 60 ans. Voulez savoir, Bruno? J'ai adoré votre frère qui avait, sur la glace et dans la vie, quelque chose de princier. Merci, mais de mon côté, je n'ose pas vous dire comme il me manque… 

Aldo est passé par Bienne, Lugano et Sierre. Bruno, lui, n'a jamais bougé. Comme tout hockeyeur, il a reçu son lot de pénalités et s'est retrouvé parfois en prison. A Viège, Bruno Zenhaüsern a été néanmoins chef de la police pendant vingt-six ans. Aujourd'hui, bien remis d'une opération du cœur subie il y a deux ans, il profite de la retraite.

Gerd Müller et Johan Cruyff 

Au fait, Bruno, si votre neveu se prénomme Gerd, est-il vrai que c'est à cause de vous? Non, moi j'avais prévu ce prénom pour mon fils, mais Aldo m'a téléphoné un jour pour me demander de le lui laisser. Il tenait en 1972 à appeler son fils comme Gerd Müller, le «Bomber» du football allemand. 

Aïe, Bruno, moi qui aimais Cruyff et la Hollande, je trouve que Johan aurait été bien mieux. Oui, si on veut, mais on aimait aussi la Hollande et de ce côté-là il y a Jan, le frère de Gerd qui est prof à Sierre. Jan c'est presque Johan, non?

Parlons Gottéron, Bruno: pour certains, vu la situation, Gerd est fou d'avoir accepté de reprendre Fribourg. Aussi votre avis? Non, Gerd a repris une équipe qui a du potentiel. Elle était première du championnat en 2013, deuxième la saison dernière, et ne peut pas avoir perdu tout son talent du jour au lendemain. 

Le jeune est resté un peu joueur

Toujours oncle Bruno: quand une équipe est mal partie et mal en point, c'est le mental qui manque. Même dans ce qu'ils savent le mieux faire, les joueurs doutent et n'y arrivent plus. Or, pour reconstruire la confiance, il ne faut pas trop de théories mais être simple. Gerd, qui a du sang-froid et connaît parfaitement le hockey, est la bonne personne pour réussir. En plus, comme il est jeune (Gerd Zenhäusern est né en avril 1972), il a encore son âme de joueur qui lui permettra de bien sentir son équipe. 

Et si on vous dit, Bruno, que Gottéron est fou de s'en remettre à un entraîneur dépourvu d'expérience en LNA? Oh, chaque coach a bien dû commencer un jour!  Aujourd'hui, vous savez, vous prendrez un risque même en engageant le meilleur entraîneur de NHL. Et pis avec Lausanne, Bienne et la Suisse des moins de 20 ans, Gerd a beaucoup appris en tirant le meilleur des gens qu'il côtoyait. Il a même fréquenté une super école, à Lausanne, en travaillant avec le grand Vladimir Jursinov. 

L'inoubliable paire Koelliker-Zenhäusern 

Ah, Bruno, en parlant du LHC: le soir de sa promotion en 2013, j'ai failli pleurer lorsque les coaches de Lausanne et Langnau se sont donné l'accolade à la fin. Gerd Zenhäusern et Köbi Koelliker qui se tombaient dans les bras, c'était la paire Koelliker-Zenhäusern soudain reformée! 

Quand Aldo composait avec Köbi le somptueux duo défensif de Bienne, entre 1976 et 1983, alliez-vous parfois au Stade de Glace? Oui, les grands soirs, j'étais là. En 1978, j'ai même suivi Aldo aux mondiaux du groupe B à Belgrade où il avait été élu meilleur arrière du tournoi.

Bon, Bruno, revenons à Fribourg et au neveu qui vient de démarrer par une défaite. Vous êtes sûr que ça va marcher? On verra, mais Gerd a toujours très bien fait ce qu'il avait à faire et c'est ce qui me rend confiant. Tout tient à si peu de choses, dans le hockey, qu'on a déjà vu une série noire se stopper net…

A l'autre bout du fil, entre les phrases de tonton Bruno, on entendait le chant de l'optimisme.

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