La Liberté

Kossmann a trop vu «Lance et compte»!

L'entraîneur de Fribourg-Gottéron appartient à la race des intraitables, des vrais durs, et c’est très bien. Mais, en même temps, pourquoi faire pareillement la gueule?

Si Kossmann forçait légèrement sa nature et adressait parfois une demi-amabilité à ses gars, peut-être serait-il surpris du résultat.
Si Kossmann forçait légèrement sa nature et adressait parfois une demi-amabilité à ses gars, peut-être serait-il surpris du résultat.

Pascal Bertschy

Publié le 03.04.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Marc Crawford (ZSC Lions), Felix Hollenstein (Kloten Flyers), Hans Kossmann (Fribourg-Gottéron) et Chris McSorley (Genève-Servette): si vous étiez un hockeyeur embarqué en ce moment dans les demi-finales des play-offs, pour lequel de ces entraîneurs voudriez-vous jouer?

Si j’étais joueur, moi, j’adorerais Crawford parce qu’il aime ses gars et sait à l’occasion les amuser. J’aimerais Hollenstein parce qu’il est resté un peu joueur, dans sa tête, et vit les matches à fond la caisse. Enfin j’aimerais Chris McSorley parce qu’il me demanderait d’être prêt à me couper un bras – minimum! – pour le bien de l’équipe.

Drôle de façon d'être

Hans Kossmann, lui, je ne pourrais pas. Oh! je sais, c’est un bon entraîneur. A défaut de palmarès, il a tout: la rigueur, la dureté, le sérieux, le caractère autoritaire, sans parler du reste.

Là où il me désolerait, en revanche, c’est dans sa façon d’être. Elle ne s’arrange pas. Tenez, ce mardi! C’est soir de fête à Fribourg et Kwiatkowski marque le 6-1 contre Kloten.  Le visage obstinément fermé, derrière son banc, Kossmann crache aussitôt par terre. Ça doit être sa nouvelle façon de cacher sa joie.

La fois où il a frisé le terrifiant

La fois où j'avais eu peur pour son équipe, vraiment peur, ce fut ce soir de mars 2013. Fribourg avait été battu chez lui par un Bienne héroïque (1-3), en play-offs, et j’avais observé Hans Kossmann. Terrifiant de colère rentrée! Monsieur avait été mal servi par ses sommeliers et, s’il avait eu des mitraillettes à la place des yeux, les types y seraient restés.

Le style carrément méchant, jamais content, pourquoi pas? Ça peut marcher, même en 2014, et il se peut que Fribourg devienne champion ce printemps. Ce qui paie le plus souvent, cependant, c’est la pâte humaine. Un peu d’amour, quoi! Si un entraîneur aime ses joueurs, pas trop mais un peu, eh bien ils le lui rendront toujours.

Ce bon vieux Jacques Mercier!

Hans Kossmann devrait arrêter de regarder la série «Lance et compte». Il ressemble de plus en plus à Jacques Mercier, l’Obersturmführer du National. Le coach grosses colères et petit père sévère, genre attention-j’aboie-et-je-mords.

On est comme on est, certes, mais tout de même. Si Kossmann forçait légèrement sa nature et adressait parfois une demi-amabilité à ses gars, peut-être serait-il surpris du résultat. Cela n'affecterait pas son autorité, ne lui enlèverait rien. Au contraire, je crois que cela ajouterait une petite couleur à sa palette.

S’il est affaire d’efforts, de sacrifices, de discipline et de schémas, le hockey n’en reste pas moins un jeu. Il n’interdit pas de respirer et d’avoir du plaisir. Et pourquoi tirer la gueule, hein? Quand on dispose de tout le talent qui existe à Saint-Léonard, depuis deux saisons, il n’y a pas de raison.

Au pays de la douceur

Allez, Fribourg est le pays de la crème double, de la cuchaule, des poires à botzi et du gâteau du Vully. Ce ne sont donc pas les Fribourgeois qui reprocheraient à  quelqu’un de faire preuve d’un peu de douceur. A tout hasard, idée: on garde son air sévère, mais on se détend. Si, si! Les joueurs de Gottéron ont un titre sur le feu et, par conséquent, ne pas hésiter à leur esquisser parfois un vague demi-sourire. Ou à leur taper sur l'épaule. 

Si j’étais coach, j’irais parfois jusqu’à la main au cul. Et pan, vas-y mon gars! Cette pratique est courante dans le hockey et les joueurs étant protégés par leur équipement, ils s’en accommodent. Eh! oh! ce n'est pas ce que vous croyez. Si je parle de tapes sur l’épaule ou situées plus bas, c’est juste parce que j’ai déjà vu beaucoup de coaches mener leur équipe au titre. Or, pour gagner, tous ont dû en passer par là: réussir, d’une manière ou d’une autre, à toucher leurs joueurs.

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