La Liberté

Lulu nous a bien eus!

«Bienvenue au club!» • On avait un peu oublié cet aspect de son caractère, avec le temps, mais Lucien Favre vient de nous le rappeler: le panache, il connaît!

Pascal Bertschy

Publié le 23.09.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Accablé par la situation, impuissant à faire courir ses «Fohlen», Lucien Favre démissionne. Du coup, une large partie de la presse allemande lui tombe dessus. Irresponsable, lâche, égoïste! On a donc eu, ces derniers jours, une condamnation sans appel de la démission et de la figure du démissionnaire. 

Aujourd'hui plus personne ne s'en va. Quel que soit le domaine, quel que soit leur boulot, les gens s'accrochent pour la plupart à leur poste, à leur confort, à leurs petits avantages. Lucien Favre, lui, a démissionné. Le salaud a osé faire ce qui ne se fait plus. C'est sans doute ce qui a déplu à la presse allemande. 

Mais qu'est-ce qui aurait plu aux chroniqueurs allemands? Ah! évidemment, si le désormais ex-entraîneur de Mönchengladbach avait attendu son limogeage et était allé ensuite toucher sagement ses indemnités, elle n'y aurait rien vu d'autre. Au moins, tout serait resté dans l'ordre des choses. 

Seulement l'ordre des choses, avec Favre, c'est bien le problème. Je dirais même qu'il s'agit chez lui d'une manie: cet entraîneur habité par le football ne respecte jamais cet ordre-là, prend même malin plaisir à bousculer les hiérarchies établies.

En ce sens, Lulu nous a bien eus! Toutes ces années, nous nous étions habitués à voir en lui l'exemple de l'entraîneur intelligent, brillant, bosseur, sérieux et très réfléchi dans sa façon de transmettre sa passion à ses joueurs. Or, à force, nous avions fini par oublier ce détail: cet honnête homme a toujours eu du panache. 

Non, Favre n'a jamais insulté le joueur qu'il fut et qui avait le trait volontiers mousquetaire. Depuis le début, l'entraîneur ferraille avec panache pour ses idées, pour ses équipes, pour le football. Et d'une façon ou d'une autre, à la fin de l’envoi, il touche. Ça fait du bien: un honnête homme qui a deux ou trois principes et assume ses responsabilités. 

Ce qui fait un bien fou: un entraîneur qui réalise des prodiges avec des bouts de ficelle, hisse chacune de ses équipes au-dessus d'elle-même. Soudain, ça change des grands stratèges des bancs de touche européens. Ceux qui font souvent peu avec beaucoup. 

Viendra un jour où tout le monde en aura marre des coaches qui se posent en maîtres, demandent en permanence la lune et ne seraient pas foutus de donner l'heure. Le genre de divas qui supplient toujours à leurs dirigeants, à un moment, trois défenseurs et deux attaquants de classe mondiale.

Ils n'en feront rien, de même qu'ils n'auront rien tiré des dix-huit internationaux que comptent déjà leur effectif et qui lustrent obstinément le banc des remplaçants. Donnez une éponge toute sèche à Lucien Favre, en revanche, et cet entraîneur en tirera aussitôt de quoi remplir un verre d'eau. 

D'ailleurs, maintenant que le Vaudois est sur le marché, on peut bien rêver. Il serait temps de le voir hériter d'un club qui aurait certains moyens et voyagerait au moins en classe affaires. 

Lulu réussirait-il à la Roma, à Liverpool, à l'Atletico ou ailleurs comme il a réussi à Yverdon, au Servette FC, à Zurich, au Hertha et à Gladbach? Je ne le sais pas plus que vous, mais il ne faudrait pas écarter d'avance l'option succès et il ferait bon voir ça. 

Ce que j'adorerais aussi, c'est voir Mourinho au SV Darmstadt 98 et Benitez à Leicester, Manuel Pellegrini à Troyes et Wenger à Empoli. Ou encore Van Gaal à Saint-Gall, mais pas seulement pour la rime. 

Quelque chose me dit qu'on rigolerait…

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