La Liberté

Oh, le cornichon, Berne est champion!

«Bienvenue au club!» • Quatorzième titre en poche, l'Ours trône à nouveau sur le toit du hockey suisse. Après avoir frôlé la catastrophe, ce que quelqu'un a eu tort paraît-il de dire... 

Pascal Bertschy

Publié le 13.04.2016

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Ouah! Tous les champions sont impressionnants, à un moment ou l'autre, sauf que celui-là a été renversant du début à la fin des play-offs. Jamais le moindre flottement, aucune prestation médiocre. Même durant les longues minutes où il s'est fait balloter par Zurich en quart, même lors de ses deux seules défaites en séries, Berne s'est toujours montré à la hauteur.

La bête! L'Ours fait un grand champion et son titre porte la patte d'un caractère énorme, d'une énergie incroyable, d'un talent multiforme, d'un sens aigu du sacrifice. Et puis Conacher, bien sûr, et Scherwey, et Ebbett, et Rüfenacht, et Blum, et…

Alllô, le chroniqueur, allô? Oui, c'est à quel sujet? C’est à propos de Berne et surtout de la chronique que tu avais écrite fin janvier. Celle où tu parlais de «l'Ours malade de son arrogance», tu t'en souviens? Très bien. Alors dis-moi, chroniqueur, t'as pas l'air con maintenant que Berne est champion?

Votre mauvais esprit, quand même!

Celle-là, pour me la balancer à la figure, vous n'avez pas attendu la finale. Vous avez été nombreux à vous foutre de moi sitôt finie la série victorieuse face à Zurich. Tu as écrit que l'Ours était nul, nanana, et t'as manqué de flair, nananère. Bon, ça va? Et je pourrai en placer une quand vous aurez fini de vous bidonner? 

Bien. D'abord, chers esprits tordus, allez tous vous faire un œuf. Ensuite, je ne retire rien de ce que j'ai écrit fin janvier. Le grand SCB patinait dans la choucroute et était d'un triste, mais d'un triste! Les fois où j'étais allé à la PostFinance, en saison régulière, c'est simple: j'avais failli m'endormir.

Le soir où Lars Leuenberger était joyeux

Là-dessus, fin février, j'ai vu le SCB lors de son dernier match championnat. C'était un Gottéron-Berne (6-3) où l'Ours avait les traits tirés. Après, visite dans le vestiaire bernois: les gars semblaient éreintés. Qualifiés de justesse dans les huit, mais comme absents. N'ai croisé alors qu'un seul Bernois joyeux: Lars Leuenberger. 

Guilleret, lui, il l’est toujours. Sauf que l’entraîneur bernois avait l'air de regarder devant lui, ce soir-là, avec une gourmandise. Le championnat venait de s'achever et n'était déjà plus, aux yeux de Leuenberger, qu'une tache d'encre bue par un buvard. 

Ce n'est pas à un Ours malin comme un singe qu'on apprendra ça: les play-offs sont des mers lisses comme une page blanche, sur lesquelles on s'embarque sans savoir jusqu'où le vent et les courants vous porteront. Mais comment ce qui ressemblait à une équipage fantôme peut-il, soudain, se transformer en bâtiment insubmersible? 

Le commandant de bord Leuenberger, en l'affaire, y est pour beaucoup. C'est lui, coach adoré de ses joueurs, qui a fait d’une formation sans alchimie et sans joie une équipe conquérante et équilibrée au millimètre près.

Arrêtez de me chambrer parce que j’ai écrit que Berne était mauvais. De novembre jusqu'à fin janvier, Berne a été mauvais. Mais, si ça peut vous réjouir, je me suis souvent gouré avec l’Ours cette saison. En premier lieu, quand le directeur sportif Sven Leuenberger a démissionné de son poste pour permettre à son frérot de devenir entraîneur, et ne pas créer le surnombre de Leuenberger aux postes clés, je n’y ai rien compris. Pas vu la grandeur de ce geste. 

Ensuite, je ne pensais pas Lars Leuenberger capable de rallumer la flamme dans le vestiaire bernois. Ni lui, ni un autre. M’imaginais que l’Ours mettrait des siècles à se remettre du passage de Guy Boucher, l’entraîneur le plus absolutiste et le plus bouché de la galaxie. 

Et Tristan est redevenu grand!

Tenez, je me suis aussi planté à propos de mon Tristan bien-aimé. Tristan Scherwey, oui, resté fin 2015 un mois dans le cirage après diverses commotions. Il n’était plus le même joueur, à son retour sur la glace, et j’étais convaincu qu’on ne reverrait pas le vrai Tristan avant l'automne. Comme j’ai été heureux de m’être trompé en le voyant marquer des buts aussi importants, durant les play-offs, et être fantastique comme jamais...

Bref, cette semaine est une semaine où je suis content pour Tristan, pour Lars, pour Martin Plüss, David Jobin, Alain Berger et d’autres encore. Suis heureux aussi pour mes copains pro-SCB, ceux de Payerne – salut Vinvin! – et d’ailleurs, qui sont encore train de fêter le titre dans la capitale. 

Eux, au moins, ne m’emmerderont pas de sitôt au sujet d’une déjà vieille chronique: ils m’ont écrit il y a cinq minutes pour me dire qu’ils ne rentreront pas à la maison avant août.

Sans préciser l’année...

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