La Liberté

Un Mondial, ça ne favorise pas le sport!

La chronique de Pascal Bertschy - «Bienvenue au club!» • Il faut bouger, paraît-il, car c'est bon pour la santé. Il faut faire de l'exercice, oui, et on nous le répète d'ailleurs assez. Comme quoi on dit souvent n'importe quoi...  

 

Pascal Bertschy

Publié le 26.06.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Certains gars, en ce moment, campent devant la télé. Avec la Coupe du monde, mais aussi Wimbledon et bientôt le Tour de France, les types ne quitteront pas leur écran des yeux d’ici à la mi-juillet. D’autres suivront le Mondial en prenant l’option grillade dans le jardin, ou fiesta populaire avec écran géant, mais c’est pareil. Ils ne se bougeront pas beaucoup plus le cul. 

Le sport ne favorise pas le sport

Le sport ne favorise pas le sport. Je veux dire: un événement comme le Mondial, en clouant des millions de gens dans leur fauteuil, n’encourage pas l’exercice physique. Or, on nous le répète assez, il faut bouger. On doit faire du sport, c’est bon pour la santé. 

Il faut, on doit: les deux pires phrases de la langue française. Mis à part mourir, on ne doit rien du tout. On ne doit pas davantage faire du sport que du tricot, des mots croisés ou des cours de cuisine. Si on fait du tricot, de la cuisine ou de la flûte, ce n’est parce qu’on le doit, c’est parce qu’on aime ça. On le fait par goût, par plaisir. La pratique sportive n’est ni une obligation, ni une corvée, c’est affaire de bien-être et de jubilation. Sans le fun, oublie. 

Même pas pour tout l'or du monde... 

Un monsieur m’en a raconté une forte. Aisé, la soixantaine, l’homme en question dirige une affaire prospère. Il emploie une étudiante de 24 ans, qu'il apprécie. Il a même de l’affection pour cette chic fille. Seul truc, la demoiselle est obèse. 

Le patron se dit que c'est dommage pour elle, qu’il faut l’aider. Il utilise les grands moyens. Mademoiselle, si je peux me permettre, vous devriez perdre du poids. Et s'il vous faut une motivation, en voici une: si vous vous mettez à courir tous les jours un peu, à faire l’effort de maigrir et obtenez des résultats après six mois, je vous verserai 100’000 francs qui financeront vos études.

Vous imaginez? Cent mille balles! Le patron A pu les garder. Ils n’ont pas tenté la demoiselle, ne l’ont pas incitée à courir. Avec tout cet argent, si j'ose dire, elle avait une bonne raison de se dépenser. Mais non, pas envie. Merci, ça ne m'intéresse pas. Merde au sport!

Pour le plaisir, pour la gratuité du geste.

Donner à quelqu’un dix motifs de chausser des baskets, lui servir sur un plateau les meilleures raisons de faire de l’exercice, voilà le meilleur moyen d’en dégoûter la personne. Si l'étincelle et la démangeaison n'y sont pas, ce sera peine perdue. Marchez, courez, nagez, pédalez, volleyez, lugez, faites ce que voulez-vous, mais faites-le sans raison. Pour le plaisir, pour la gratuité du geste. Simplement parce que vous aimez la course, le vélo ou le volley comme vous pourriez aimer le piano, la cuisine ou les chats. 

La pratique d’une discipline n’est ni obligatoire, ni même utile dans l’absolu, et c’est ce qui la rend belle. Combien de fois faudra-t-il le répéter? C'est bien plus beau quand c’est inutile! Pour aimer ou faire un truc, pas besoin de prétexte. J’ajoute que si on ne fait pas de sport, on n’a pas besoin non plus de justifications. Les excuses, à part faire rire, ne servent à rien. 

René irait bien courir, mais pas le temps! 

Prenez les gars dont je parlais au début, tous assis devant leur télé. Eh bien l’un d’eux répète souvent qu’il irait bien courir, mais qu’il n’a pas le temps. Arrête, René, on trouve toujours un moment pour faire un truc qui nous botte. Non mais les gars, je vous jure! N’ont pas le temps de mouiller leur t-shirt, mais trouvent sans problème deux heures pour se farcir un Bosnie-Iran. Sans parler du match de la Graisse. 

 

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