La Liberté

Vous savez ce qu'il vous dit, le faux frère?

La chronique sportive de Pascal Bertschy • Ici même, la semaine dernière, j'ai fait une ode au Liverpool de cette saison. Mais certains copains m'ont tellement chambré là-dessus, depuis, que je suis obligé d'y revenir... 

Liverpool est de ces clubs – comme l'Ajax, Dortmund, Boca Juniors... – qu’on ne peut pas ne pas aimer. Keystone
Liverpool est de ces clubs – comme l'Ajax, Dortmund, Boca Juniors... – qu’on ne peut pas ne pas aimer. Keystone

Pascal Bertschy

Publié le 01.05.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Le Real est redevenu royal, oui, je suis au courant, mais je ne vous parlerai pas de ça. Non, parce que j'ai une mise au point à faire. Dans ma chronique, la semaine dernière, j'ai couvert de louanges Liverpool. Ben dis donc, qu'est-ce que je n'ai pas fait là! Et qu'est-ce que je n'ai pas entendu de la part des copains!

Comme les gars connaissent mon attachement à Manchester United, sans parler de mes vieilles fidélités à Sunderland et à Everton, j'ai eu droit à plein de vacheries. Ah ah ah! Maintenant que les Reds cassent la baraque et retrouvent le sommet, hein, tu les encenses! Monsieur se range du côté des vainqueurs, bravo, belle mentalité!

Le petit Carlos m'a traité de faux frère et le grand Marcel de supporter de la onzième heure. Lèche-cul, a renchéri le gros Raoul. Et je ne vous parle des autres, les pervers, ceux qui me rappellent en se bidonnant mon pronostic sur Arsenal. Ben oui, début octobre où ils faisaient la course en tête, j'ai eu le malheur d'écrire que je voyais bien les «Gunners» décrocher le titre en mai. Si jamais vous cherchez des copains, appelez-moi, je vous donnerai les miens.

Ces tordus! Ils font semblant de croire que je me mettrais à plat ventre devant les gagnants du moment, alors que rien n’est plus faux. Les triomphes et les vainqueurs, si vous voulez savoir, rien à battre! Suis même parmi les premiers à rigoler de cette société, notre société, où la réussite est le modèle ultime, où la performance est une religion, où gagner est un verbe devenu magique et où tout le monde applaudit le succès à genoux. Même l'éducation, la santé et la culture, pour dire, ne sont plus à l’abri de ces conneries!

Ce que j’aime, ce n’est pas la victoire. Je ne crache pas sur elle, mais je n’en fais pas une déesse. Ce qui fait la grandeur du sport, son prix et sa beauté ne dépend pas toujours du résultat. Ce qui me fait aimer telle équipe ou tel champion, avant tout, ce sont des attitudes, des gestes, un style, une manière de se comporter dans le succès comme dans l’échec.

Liverpool est de ces clubs – comme l'Ajax, Dortmund, Boca Juniors... – qu’on ne peut pas ne pas aimer. Mais au-delà, pardon, son parcours actuel laisse rêveur. Pour le titre, depuis la défaite à domicile contre Chelsea, ça semble cuit. Pis quoi? On s’en tape. Parce que question cœur et dépassement de soi, ce Liverpool a frisé le surnaturel.

Tenez, j'ai un autre copain – un civilisé, celui-là – qui est allé voir l'autre semaine le derby de la trouille entre Lausanne – Sion. Philippe, qui est supporter du LS et donc bien brave, m’a raconté qu’il était content de retourner à la Pontaise après plusieurs années. Il ne s'attendait pas à voir un Barça-Real, ni même à voir le LS gagner, il comptait juste voir des joueurs affamés et prêts à montrer qu’ils tenaient à sauver leur peau.

Total, après avoir encaissé très vite le 0-1, les Lausannois ont joué plan-plan en se créant une vague occasion de tout le match. Aucune fierté, pas de cœur, zéro amour du maillot, nul respect pour le public, rien. Le néant. Du coup, Philippe n'a pas prévu de retourner à la Pontaise avant octobre 2078.

  Vous voulez que je reprenne mon couplet sur la notion de victoire? Dois-je répéter que la performance n’est pas tout? Que savoir perdre est aussi important que de vouloir gagner? Non? Bon, j’arrête, mais à une condition: que vous adoptiez mes copains. Ah si, j'insiste, je les donne!

 

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