Vu de Suisse, le mouvement des gilets jaunes en France interpelle. Eternels râleurs, ces Français? Et si le mal était plus profond que ça? Au-delà des casseurs qui profitent de toutes les occasions pour se défouler, on voit sur les giratoires une foule de gens qui ne sont jamais descendus dans la rue pour manifester. Un ras-le-bol général face à la vie chère se fait entendre.

Et en Suisse? Je ne serais pas étonné qu’un jour ce genre de mouvement s’invite chez nous. Alors que l’économie marche à plein régime, les salaires ont du mal à suivre. Les retraités se grattent la tête pour savoir comment dépenser l’aumône mensuelle de dix francs qui leur a été accordée sur leur rente AVS. Les familles calculent au plus près comment finir leurs mois face à l’augmentation perpétuelle des primes-maladie. Les futurs retraités se font du souci à juste titre pour leurs rentes du deuxième pilier face à la baisse du taux de conversion.

L’exemple de ce qui se passe en France devrait mettre la puce à l’oreille de nos politiciens et les pousser à prendre des mesures afin d’éviter que de plus en plus de personnes ou de ménages n’atteignent le seuil de pauvreté. La richesse de la Suisse doit profiter à tout le monde! C’est au moment où on tombe dans les chiffres rouges qu’on commence à voir la vie en noir et qu’on enfile son gilet jaune pour manifester son ras-le-bol contre cette société à deux vitesses.

Ernest Rime, Fribourg