Honda Civic Type R GT »  Le constructeur japonais tient vraiment à ses amours de la compétition. Première Type R produite en Europe, cette Civic est également prévue pour le marché yankee. C’est ce qui explique en partie sa radicalisation vers le monde GT.

Elle gagne dix chevaux, elle est trois centimètres plus basse et dix-sept centimètres plus longue que sa précédente consœur. Sous cet aplatissement et cette rallonge se dissimulent de nombreuses nouveautés techniques qu’il serait fastidieux de toutes citer. Une chose est certaine, c’est que pour un prix d’appel à peine supérieur à 40 000 francs, cette Honda en jette un maximum. Pour faire bonne figure avec les décorations en carbone et valoir le label GT, il faudra débourser un peu plus de 50 000 francs. Et même à ce prix-là, elle n’a pas beaucoup de concurrentes dans le domaine des super-GTI. Elle a d’ailleurs récemment battu le record du tour de la catégorie GTI sur les 20,6 km du circuit du Nürburgring.

Sous son aspect de voiture de course qui ne laisse pas de marbre les badauds, cette toute nouvelle Type R bénéficie de tous les développements et avantages dévoilés l’an passé avec la 10e génération de la gamme Honda Civic. Avec cinq portes et un coffre digne de ce nom, elle se donne accessoirement le droit de se déplacer au quotidien et même en circuit urbain. Mais l’ADN de cette traction avant a été développé pour préférer surtout les anneaux de vitesse. Et pour cet exercice de sprint (plus de 270 km/h annoncés) et d’efficacité, tout a été prévu pour ne pas jouer seulement les faire-valoir. La Type R titille des émotions autant par les pupilles que par les sensations fortes. Le moteur 4 cylindres 2,0 l turbo VTEC développe 320 ch à 6500 t/mn et un couple étonnant de 400 Nm à 2500 tours déjà. Quant à la boîte manuelle à 6 vitesses, elle n’a pas été victime des sirènes de la robotisation, seul un double débrayage automatique surprend lors des premières décélérations.

Le triple échappement au look infernal laisse un peu perplexes les amateurs de bruits mécaniques, tant sa discrétion sonore surprend. La force musculaire de cette sportive et la sonorité mécanique restent essentiellement confinées à l’intérieur de l’habitacle où quasi rien ne manque. Et il vaut mieux avoir l’esprit logique du multimédia pour gérer sur le grand écran central toutes les commandes de gestion des instruments, de navigation et des connexions extérieures.

La Type R est un modèle de précision et d’efficacité. Plaqué à la route dans des sièges baquets où il ne manque que la ceinture de compétition pour se croire en course, on s’y sent à l’aise au premier coup de gaz et en sécurité au premier coup de freins. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, tout dans cette voiture dégage un esprit de sport et de compétition. Aux côtés des gestions de conduite Sport et Confort, le mode «+R» est spécialement conçu pour la piste avec les adaptations moteur, suspension et châssis idoines. Mais à l’heure du tout raisonnable et gérable sur la route, et alors que son pedigree ne devrait pas l’y inciter, la Type R ne passe pas à côté de toute la technologie actuelle dédiée à la sécurité active et passive.

N’ayant pas la prétention de concurrencer sa prestigieuse congénère NSX, la Honda Civic Type R redonne un air de vitalité et de gaieté dans un monde automobile qui ne laisse plus beaucoup de place à l’émotion et à l’imprévu. De ce point de vue le pari des Honda est gagné.

Jean-Jacques Robert