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Le meilleur de deux mondes réuni

Mazda est le premier constructeur à proposer un moteur alliant les avantages de l’essence et du diesel

Lancée en mars dernier, la nouvelle compacte Mazda3 est livrable désormais avec ce fameux moteur Skyactiv-X. Le Mazda CX-30 suivra dès la seconde quinzaine d’octobre. © ldd
Lancée en mars dernier, la nouvelle compacte Mazda3 est livrable désormais avec ce fameux moteur Skyactiv-X. Le Mazda CX-30 suivra dès la seconde quinzaine d’octobre. © ldd
Moteur innovant, le Skyactiv-X de Mazda ressemble à un diesel, mais ce n’est pas un diesel. © ldd
Moteur innovant, le Skyactiv-X de Mazda ressemble à un diesel, mais ce n’est pas un diesel. © ldd

Denis Robert

Publié le 09.10.2019

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Moteur SkyActiv-X » Qu’est-ce qui distingue un moteur à essence d’un diesel? Le carburant, bien sûr! Mais aussi le système de mise à feu du mélange: allumage commandé (étincelle produite par une bougie) dans le cas des moteurs à essence, autoallumage (par compression) s’agissant des diesels. Or ces derniers ont la réputation d’être particulièrement peu gourmands en carburant.

De ce constat, l’idée a germé dans le cerveau de certains ingénieurs de développer un moteur essence à autoallumage fonctionnant grâce à un taux de compression très élevé. Chez Daimler-Benz, cette technologie est appelée «DiesOtto». Par contraction de Diesel et Otto, respectivement inventeurs du moteur à autoallumage et du moteur 4 temps à allumage commandé.

A la croisée des chemins

Plusieurs constructeurs s’affairent au développement de cette technologie. Mais si Mercedes-Benz fut le premier à présenter son projet sous forme de prototype, Mazda devance tout le monde pour la production en série et le lancement commercial du sien. Mazda a baptisé son bébé «Skyactiv-X», ce qui le distingue des moteurs Skyactiv-G (gasoline = essence) et Skyactiv-D (diesel). Etant déjà coutumier des taux de compression élevés sur ses moteurs essence Skyactiv-G, le constructeur d’Hiroshima a entendu poursuivre cette logique jusqu’au point où le carburant s’enflammerait spontanément par compression, comme dans un diesel.

Pour obtenir des niveaux de consommation et d’émissions aussi bas que possible, on a opté pour un ratio air/essence deux à trois fois plus pauvre que le mélange stœchiométrique habituel. Un mélange si pauvre qu’un moteur classique à allumage commandé ne serait pas capable de l’enflammer. D’où la nécessité de disposer d’un rapport volumétrique élevé (en l’occurrence 16,3: 1) pour obtenir un allumage par compression. Hélas, les conditions d’autoallumage sont influencées aussi par d’autres paramètres, comme le ratio du mélange air-essence ou la charge du moteur.

Système d’allumage mixte

Pour résoudre ce problème d’instabilité de la combustion, Mazda propose une solution mixte combinant l’allumage par compression et l’allumage par étincelle (spark-controlled compression ignition/SPCCI). La chambre de combustion commence par se remplir d’un mélange air-essence pauvre en phase d’admission. Puis, un mélange plus riche est atomisé avec précision autour de la bougie pendant la phase de compression. Le front de flamme produit lors du déclenchement de l’étincelle enflamme d’abord cette zone restreinte, ce qui a pour effet d’augmenter la pression régnant dans la chambre de combustion jusqu’au point où le mélange pauvre s’enflamme spontanément.

En fait, l’allumage par compression à commande par étincelle (SPCCI) n’est opérationnel que lorsque le moteur fonctionne à charge partielle, ce qui est généralement le cas en croisière ou lorsque le conducteur roule à l’économie. Quand davantage de puissance est mobilisée, le mélange air/essence redevient stœchiométrique (combustion propre sans excès d’air). Nonobstant, le moteur Skyactiv-X (2,0 l/180 Ch) revendique une consommation moyenne inférieure d’environ 20% à celle du Skyactiv-G (2,0 l/122 Ch), pour un couple supérieur de 10 à 30% selon le régime.

Comme un diesel

Ainsi, ce moteur de technologie révolutionnaire se retrouve à peu près au même niveau de consommation qu’un diesel offrant des prestations comparables. A savoir entre 4,4 l/100 km (traction avant et boîte manuelle) et 5,5 l/100 km (4x4 et boîte auto) en cycle mixte pour la Mazda3 Skyactiv-X, ce qui correspond à des émissions de CO2 comprises entre 100 et 125 g/km. A titre de comparaison, le Mazda CX-5 Skyactiv-D (diesel de 182 Ch et transmission 4x4) est crédité d’une consommation moyenne de 5,2 l/100 km (CO2: 137 g/km) avec boîte manuelle et 5,5 l/100 km (CO2: 145 g/km) avec boîte auto. En conséquence, l’importateur suisse renonce à proposer une offre diesel sur la nouvelle Mazda3 et le Mazda CX-30.


Le Skyactiv-X testé sur route

La Mazda3 Skyactiv-X est livrable dès maintenant. Ticket d’entrée: 31 990 francs en version deux roues motrices et 33 990 francs en 4x4. Nous avons pu la tester longuement à fin septembre. De prime abord, on croirait avoir affaire à un moteur essence atmosphérique conventionnel. Il faudra attendre le passage à la pompe pour voir vraiment la différence. N’ayant pas le caractère explosif d’un moteur turbo, le Skyactiv-X a évidemment besoin de régimes relativement élevés pour exprimer toute sa puissance. S’il sait se montrer docile en conduite coulée, les transitions entre le mode SPCCI (mélange pauvre) et le mode normal sont néanmoins perceptibles. DR

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