La Liberté

Une atmosphère vraiment électrique

Boudé par quelques constructeurs, le Mondial confirme le lancement de modèles moins polluants

AUDI E-TRON : un SUV à hautes performances 100% électrique. En option, des caméras remplacent les rétroviseurs. © Idd
AUDI E-TRON : un SUV à hautes performances 100% électrique. En option, des caméras remplacent les rétroviseurs. © Idd
EZ-ULTIMO: le concept-car de Renault au mondial, «un robot-véhicule ouvrant la voie à un service de mobilité haut de gamme». © Idd
EZ-ULTIMO: le concept-car de Renault au mondial, «un robot-véhicule ouvrant la voie à un service de mobilité haut de gamme». © Idd

Denis Robert

Publié le 10.10.2018

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Salon de Paris » Le taxi de la start-up française Marcel – filiale du groupe Renault – qui me ramène du Parc des expositions de la porte de Versailles à Paris Gare de Lyon progresse lentement dans les embouteillages de cette fin d’après-midi. Questionné sur la consommation de cette Lexus hybride dont il est propriétaire, le chauffeur consulte son ordinateur de bord: «Là j’en suis à 5,6 l/100 km, mais les collègues qui roulent au diesel ne s’en tirent pas à moins de 10 litres dans ces conditions de circulation.» En une phrase, l’autoentrepreneur a résumé la situation. Si les motorisations purement thermiques – essence ou diesel – restent une option économique hors agglomérations, elles ont de moins en moins leur place dans le trafic qui engorge aujourd’hui les villes de toutes tailles.

Place donc à l’électrification, thème principal des journées de presse de ce Mondial de l’automobile (du 4 au 14 octobre) qui célèbre cette année son 120e anniversaire. Une électrification partielle, via divers niveaux d’hybridation. Notamment des systèmes hybrides rechargeables, qui procurent une autonomie de quelques dizaines de kilomètres en mode 100% électrique. Ou une électrification totale, grâce à des véhicules électriques à batterie et d’autres alimentés par une pile à combustible utilisant de l’hydrogène.

Toutes ces technologies ont été décrites en long et en large depuis longtemps, mais leur diffusion à grande échelle devient urgente. Car l’échéance des 95 grammes de CO2 par kilomètre, fixée par la réglementation européenne, c’est dans deux ans! Les constructeurs qui ne parviendront pas à s’y conformer devront s’acquitter de pénalités qui augmenteront de façon exponentielle avec le taux de dépassement. Or 95 g/km, cela correspond à une consommation mixte de 4 litres d’essence ou 3,6 litres de diesel aux 100 km. Une valeur plafond d’autant plus ambitieuse que le nouveau cycle de mesure WLTP, qui remplace désormais un cycle NEDC trop éloigné de la réalité, rendra l’objectif encore plus difficile à atteindre puisqu’il majore les résultats des mesures.

Changements profonds

L’offre des constructeurs s’adapte donc à ces changements profonds qui nous attendent. Renault, qui a misé jusqu’ici sur une offre de modèles 100% électriques, annonce pour 2020 l’hybridation de la Clio, de la Mégane et du Kadjar dont, soit dit en passant, la nouvelle édition relookée est dévoilée à Paris. Mais pour faire rêver les visiteurs du Mondial de cette «mobilité urbaine partagée» que laisse présager notamment son partenariat avec Google, l’ex-Régie dévoile le robot-véhicule EZ-Ultimo (prononcer Easy Ultimo), dernier opus d’une trilogie de concept-cars dont les deux premiers volets avaient été dévoilés à Francfort (automne 2017) et à Genève (printemps 2018).

Le groupe PSA, pionnier de l’hybridation à la française, a remplacé le diesel par de l’essence dans la nouvelle technologie d’électrification dont bénéficieront, dès la fin 2019, les Peugeot 3008 et 508 Hybrid4 (berline et SW), le Citroën C5 Aircross et le DS7 Crossback e-Tense. Appliqué au petit DS3 Crossback, le suffixe e-Tense désigne en revanche une motorisation 100% électrique qui revendique une autonomie de plus de 300 km en mode WLTP.

Dans un autre segment, mais à des tarifs en conséquence, c’est une autonomie de plus de 400 km que promet l’Audi e-tron, dont la version de série est exposée à Paris après avoir été dévoilée à San Francisco. Ce SUV électrique de près de 5 mètres de long est capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en 5,7 s, sa vitesse de pointe étant plafonnée à 200 km/h. Sachant que les trois marques premium allemandes se marquent à la culotte, Mercedes annonce des prestations encore plus mirifiques avec l’EQC, ce SUV monumental qui, en ombre chinoise, se confondrait facilement avec son alter ego d’Ingolstadt.

Dans un registre plus mesuré, Honda a aussi choisi Paris pour dévoiler la version hybride du nouveau CR-V, qui sera également commercialisée début 2019.


 

Électrique et low cost?

Carlos Ghosn en personne a dévoilé la K-ZE, un nouveau véhicule électrique du segment A (la taille d’une Twingo) revendiquant une autonomie de 250 kilomètres en cycle NEDC. Mais Renault a choisi la Chine pour lancer la commercialisation, dès 2019, de cette citadine dont le style s’inspire d’un SUV. Motif: l’usine du monde est à la fois le premier marché mondial des véhicules électriques et celui qui connaît la croissance la plus rapide. Le véhicule sera produit à l’échelon local par e-GT New Energy Automotive Co., dans le cadre de l’accord de partenariat conclu entre Renault, Dongfeng Motor Group et Nissan. Le déploiement des ventes à l’international est prévu également, mais seulement dans une phase ultérieure. DR

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