Fards et illusions


Reportage dans les coulisses de l’Opéra de Lausanne, où le réel est maquillé jusqu’à convoquer le rêve

Texte: Thierry Raboud   Photos: Alain Wicht    Réalisation: Jérémy Rico

«Pour le chœur femmes, on supprime le contour du sourcil. Pour les hommes, il faut des barbes mieux définies…» Liasse de croquis en main, Roberta Damiano livre les dernières instructions à son équipe. Au mur, une horloge, 16 h. Plus que trois tours d’aiguille avant la prégénérale du Simon Boccanegra de Verdi que l’Opéra de Lausanne créait début juin.

De noir vêtus, planning minuté sous les yeux, neuf maquilleuses et un maquilleur sont assis face aux miroirs liserés de lumière. Cette arrière-scène est leur royaume, bientôt théâtre de toutes les transfigurations: une cinquantaine de chanteurs que leurs pinceaux rapides doivent transformer en Génois du XIVe siècle. «Il faut ensanglanter les mains de Paolo, mais sans liquide pour ne pas tacher le costume. Concernant