Lepori, gare au queer
Arrêt sur demande: Les Sciernes, d’où Pierre Lepori, homme de lettres et journaliste tessinois établi à fleur de rails, se fait convoyeur de cultures
Thierry Raboud
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Portrait » Son pas de porte est un quai, il nous y attend. 13 h 26 à l’horloge, on descend du somptueux tortillard vainqueur des cols enneigés, et l’œil dévale ce panorama de dents fières, de forêts poudreuses, de ruisseaux engourdis. En contrebas, nimbées de buée blanchâtre, quatre juments piétinent l’ombre bleue de la montagne.
Voici «l’âpre et vierge mélancolie de l’air qui pique» chantée par Sandro Penna, poète ancien comme cette gare où habite désormais son traducteur, Pierre Lepori. Il vous convie sur le rebord du paysage, dans une masure à fleur de rails qui est un arrêt sur demande – Les Sciernes. On entre voie 2, par l’ancien guichet. D’emblée, une machine à café vous fait face; ce descendant de torréfacteurs vous serre un noir, servi au salon où