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Comment avoir le contrôle sur ses données numériques?

Mal utiliser Facebook, c'est ouvrir la porte à une diffusion de ses données personnelles. Beaucoup de données personnelles. © Keystone
Mal utiliser Facebook, c'est ouvrir la porte à une diffusion de ses données personnelles. Beaucoup de données personnelles. © Keystone

AS

Publié le 27.03.2018

Temps de lecture estimé : 6 minutes

De quoi parle-t-on?

L'affaire du siphonnage de millions de comptes Facebook a entraîné une prise de conscience: mes données sont-elles sécurisées? Qu'ai-je livré au géant de Mark Zuckerberg et à ses semblables? La réaction de certains internautes a été la panique et la suppression immédiate de son compte Facebook, dans le mouvement «#DeleteFacebook» lancé par... le créateur de Whatsapp et ancien employé de Facebook Brian Acton.

Le problème, c'est que disparaître soudainement du plus grand réseau social ne fera pas revenir les données distillées ça et là durant dix ans, pour les utilisateurs les plus anciens du réseau. Pire, si l'on quitte Facebook pour éviter une volatilité de ses données personnelles, il faudrait être cohérent et délaisser également Whatsapp (qui appartient à Facebook), Instagram, Twitter et consorts. Sans oublier Google, évidemment (comme cet article humoristique du Gorafi le suggère).

Si la formule magique n'existe pas et que le mal est fait pour la plupart des utilisateurs (voir point 1), voici trois conseils pour évoluer dans le monde numérique en étant le plus conscient possible des risques:

1. Téléchargez vos données

La naïveté, c'est terminé! La prise de conscience actuelle et soudaine - bien aidée par l'écho médiatique de l'affaire Cambridge Analytica - rime aussi avec la fin d'une période enchantée pour les internautes. Qui se souciait du destin de ses données personnelles au début de Facebook, lorsque des messages à titre privé étaient échangés directement sur les murs respectifs des utilisateurs?

Pour réagir, il faut d'abord comprendre. Commencez ainsi par obtenir une copie de vos données livrées à Facebook. Cette option, disponible depuis 2010, n'a été que récemment propulsée dans le champ des projecteurs. Elle est en effet utile pour saisir ce que le géant de la Silicon Valley dipose comme informations sur vous. «Je culpabilise en pensant à ma grand-mère qui ne possède ni smartphone ni ordinateur : que dirait-elle si elle savait que son numéro se balade dans les serveurs de Facebook?», s'interroge un journaliste de France Télévisions. 

Lire: «J'ai fouillé dans les données que j'ai envoyées à Facebook depuis onze ans (et le résultat m'a donné le vertige)»

2. Limitez l'accès à vos données personnelles

Bien. Maintenant que vous êtes conscient de tout ce que Facebook détient sur vous, il s'agit de comprendre comment, structurellement, vous avez laissé filer autant d'informations. Surtout, il faut réagir et catégoriser les données en deux grands groupes: ce qui est public ou non, et ce qui est transmis à Facebook - et à ses partenaires - ou non. Vous voulez indiquer votre numéro de téléphone? Soit, mais soyez conscient que celui-ci sera consultable par de nombreuses entreprises: non seulement celles avec lesquelles vous aurez interagi sur Facebook, mais également celles qui ont «convaincu» vos amis. En bref, votre numéro deviendra public.

Faites le même exercice pour les autres données (date d'anniversaire, relations amoureuses anciennes et actuelles, employeurs successifs - Facebook a-t-il vraiment besoin d'une copie de votre CV? - et ainsi de suite). N'oubliez pas que ce sont des données publiques que Cambridge Analytica a récupérées! Au passage, n'oubliez surtout pas de vous renseigner. Certes, il est fastidieux de lire les conditions d'utilisations du réseau, qui représentent souvent des dizaines de pages A4. Mais saviez-vous qu'en cliquant sur «Accepter», vous actez par exemple le fait que le for juridique pour poursuivre Facebook en cas d'abus se situe en Californie, et que la protection en Suisse n'en devient que très limitée, sinon inexistante? 

Voici quelques conseils pour comprendre comment limiter l'audience de chacune de vos publications et de réagir également rétroactivement: 

Lire: «Comment verrouiller davantage son compte Facebook»

3. Méfiez-vous des aspirateurs à données

«Quel personnage des Simpsons êtes-vous?» «Dans quel pays auriez-vous dû naître?» «Dans quelle maison d'Harry Potter auriez-vous atterri?» Cela ne vous rappelle rien? Vous répondez à quelques questions puis, au moment fatidique d'obtenir la réponse tant attendue, on vous demande l'autorisation d'accéder à votre profil. Vous cliquez oui, impatient de savoir si vous êtes plutôt Homer ou Marge, si vous étiez fait pour l'hémisphère Sud ou si le «choixpeau» vous aurait envoyé à Gryffondor ou à Serpentard.

«Si c'est gratuit, c'est vous le produit»: cet adage résume bien le modèle économique derrière ces tests qui ont pullulé sur Facebook au fil des années. En échange de quelques minutes d'amusement pour vous et vos amis (l'internaute est souvent conduit à partager la réponse sur son propre mur, afin de faire participer d'autres utilisateurs), le créateur du test obtient vos données publiques, sinon privées dans certains cas.

C'est en vous rendant dans l'onglet «Applications» de Facebook que vous risquez d'avoir froid dans le dos: vous obtiendrez une liste d'applications qui ont ainsi obtenu - et sans doute utilisé - vos données. Comment connaître l'ampleur des dégâts et la marche à suivre pour y remédier?

Lire: «Comment vérifier les informations aspirées par les publications»

En appliquant ces trois conseils, vous voilà déjà au moins conscients de l'ampleur des risques, à défaut d'être parfaitement paré contre toute récolte de vos données. Pour aller plus loin, 18 conseils pour survivre à l'âge de la surveillance (en anglais) et un point de situation avec de nombreux liens en français par ici. En définitive, soyez prudents et conscients que le scandale Cambridge Analytica ne repose pas sur un piratage ou un bug, mais bien d'une exploitation des fonctionnalités du réseau! La meilleure défense reste d'apprendre à mieux l'utiliser.

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