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La biométrie contre les pirates

La société vaudoise OneVisage a développé un outil de reconnaissance faciale 3D

La biométrie en 3D semble être l’arme ultime contre l’usurpation d’identité. © OneVisage
La biométrie en 3D semble être l’arme ultime contre l’usurpation d’identité. © OneVisage

Armando Mombelli, Swissinfo

Publié le 15.07.2019

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Informatique » De nos jours, il est plus fréquent d’être victime d’une fraude informatique que d’un cambriolage ou d’un vol en pleine rue. Pour garantir une meilleure protection des données, l’entreprise vaudoise OneVisage a développé un système de reconnaissance faciale en trois dimensions qui fonctionne avec un simple smartphone. «Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2018, la fraude informatique a causé des pertes pour plus de huit cents milliards de francs au niveau mondial. Dans huit cas sur dix, elle résulte d’une usurpation d’identité à travers l’identification du mot de passe de l’utilisateur», explique Christophe Remillet, CEO et fondateur de OneVisage à Lausanne.

«Malheureusement, les solutions en matière de sécurité informatique, en particulier les solutions d’authentification d’identité, n’ont pas progressé au rythme de l’évolution du monde numérique, ajoute le spécialiste. La criminalité s’est donc déplacée vers la cybercriminalité, où fraudeurs et organisations criminelles courent moins de risques d’aboutir dans les mailles de la justice.» Une tendance confirmée par la Centrale d’enregistrement et d’analyse pour la sûreté de l’information (MELANI), créée en 2004 par le Gouvernement suisse pour lutter contre la cybercriminalité.

Un problème humain

En 2014, OneVisage entame le développement d’une technologie de reconnaissance faciale 3D en collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et l’Université de Bâle – les deux écoles suisses les plus avancées dans le domaine. Pari gagné, étant donné qu’en février 2015, lors du Mobile World Congress de Barcelone, la start-up vaudoise est la première à présenter un système de reconnaissance faciale 3D, fonctionnant avec une simple application et une caméra RGB normale sur smartphone Android. Une technologie affranchie de tout hardware spécifique et utilisable sur les plateformes Windows et Linux.

La reconnaissance faciale présente l’avantage d’être accessible à tous, puisqu’elle ne nécessite ni capteurs ni équipements particuliers, au contraire des technologies axées sur les empreintes digitales ou de l’iris. Elle est également considérée comme beaucoup plus sûre que les systèmes en usage jusqu’ici, à commencer par le mot de passe et le code PIN.

«Plus qu’un problème technique, nous sommes confrontés à un problème humain», estime Christophe Remillet. «Actuellement, nous utilisons des dizaines de mots de passe pour accéder aux différents services auxquels nous sommes abonnés. Vu la difficulté de stocker tous ces mots de passe, nous choisissons la facilité, en utilisant souvent des mots-clés faciles à mémoriser, courts et simples. Ce qui facilite le travail des hackers.»

Sécurité, pas facilité

La reconnaissance faciale 3D résiste à ce type d’usurpation. «Les attaques à l’aide de photos ou de vidéos ne fonctionnent pas, car les capteurs identifient une surface plane. Même les masques en silicone, comme ceux utilisés dans Mission: Impossible, échouent à tromper ce système d’authentification.» Ce n’est pas un hasard si Apple a adopté la reconnaissance faciale 3D comme moyen d’accès sur sa dernière génération de téléphones cellulaires.

Selon Christophe Remillet, toutefois, il serait extrêmement dangereux – pour les paiements en ligne comme les services bancaires – d’utiliser les systèmes d’authentification de la firme de Cupertino et des autres géants de l’informatique, de la téléphonie ou des médias sociaux. «Aujourd’hui déjà, ils disposent de toutes nos données, ils connaissent nos adresses, nos mouvements, nos habitudes de consommation et les services auxquels nous avons accès. Nous devons être vigilants. Ces grandes sociétés ont habitué les utilisateurs à une logique de facilité, mais facilité ne veut pas dire sécurité.»

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