La Liberté

Ados et livres, le désamour

Les librairies et les bibliothèques sont désertées par les jeunes, mais elles développent des stratégies pour les réconcilier avec la lecture

Les bibliothèques souffriraient d’une image élitiste. © Héloïse Hess
Les bibliothèques souffriraient d’une image élitiste. © Héloïse Hess

Joanne Fontana

Publié le 16.04.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Culture » La Bibliothèque de la ville de Fribourg et la librairie Librophoros partagent le même constat: leurs locaux sont désertés par les adolescents. «Nous remarquons une baisse de fréquentation auprès des jeunes», reconnaît Jean-Baptiste Magnin, responsable de la Bibliothèque de ville de Fribourg. A Librophoros, on confie que, dès qu’ils ont acheté les fournitures scolaires, rares sont les ados qui reviennent pour le plaisir. D’où provient ce désintérêt?

Claire Oberson, qui travaille chez Librophoros, évoque plusieurs pistes: «Je crois que l’habitude de lire pour soi se perd. On voit d’ailleurs que les bibliothèques disparaissent du mobilier domestique.» Et de mentionner l’image faussement élitiste des bibliothèques publiques et des librairies: ces lieux impressionneraient beaucoup de jeunes. «Cette perception est tenace, déplore Jean-Baptiste Magnin. Pourtant, aujourd’hui, on discute plus facilement dans une bibliothèque, on y fait du bruit. Nos portes sont ouvertes à tous.»

Entre plaisir et obligation

Pour expliquer le désintérêt de ses contemporains, Anaëlle Engel, 21 ans, apprentie à Librophoros, pointe du doigt l’approche des écoles: «Les lectures obligatoires ne permettent pas d’apprécier les livres: le contrôle des thèmes et du rythme vont à l’encontre de la recherche d’indépendance des adolescents.» Caroline Equey, responsable de l’espace jeunesse de la Bibliothèque de ville de Fribourg, la rejoint: «Trop souvent, les lectures obligatoires ne permettent pas aux jeunes de lire ce qu’ils souhaitent. Les grands classiques ne les intéressent pas forcément et la contrainte les pousse parfois à rejeter la littérature tout court.»

Jean-Baptiste Magnin voit toutefois des signes d’espoir dans les stratégies déployées par les éditeurs: «Les éditeurs sont malins: ils misent sur des typographies amusantes, sur des genres ciblés comme le fantastique, popularisé par Harry Potter.» Le bibliothécaire mentionne aussi les livres liés aux jeux vidéo ou aux youtubeurs comme ceux susceptibles de séduire les jeunes. «Mais il y en a malgré tout qui viennent depuis l’enfance et qui ont gardé cette habitude», confie-t-il.

Tout n’est pas perdu

Pour éveiller le goût de la lecture, il compte sur des ateliers organisés spécifiquement à l’intention des enfants des écoles primaires. Le changement d’approche scolaire pourrait aussi pousser les jeunes à réviser leur jugement, à l’image de Sylvain Geinoz, 18 ans, collégien à Sainte-Croix: «Je n’aimais pas la lecture et encore moins lorsque celle-ci était obligatoire. Pourtant, cette fois, j’ai envie de lire un livre.» Et pour cause: son professeur a décidé de ne pas imposer de rythme à ses élèves, mais de discuter des thématiques de l’œuvre en les mettant en perspective avec des problèmes d’actualité. Autant de stratégies d’incitations qui pourront aider à reprendre le chemin de la lecture…

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11