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Agressions à la seringue: un phénomène inquiétant

Depuis plusieurs mois déjà, les piqûres en soirée ou agressions à la seringue se répandent en Suisse. De quoi mettre les jeunes en alerte

Les agressions à la seringue inquiètent de plus en plus les jeunes. © Clara Kunz
Les agressions à la seringue inquiètent de plus en plus les jeunes. © Clara Kunz

Elsa Rohrbasser

Publié le 18.09.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Témoignage » «Quand j’ai appris qu’à certaines soirées, même à Fribourg, il y avait eu des agressions à la seringue, ça m’a choquée et ça m’a fait peur», confie Justine Laville, 25 ans. Alors que la vigilance des établissements nocturnes est plutôt portée sur les substances mises dans les verres, les cas de piqûres sont de plus en plus nombreux. Sans toutefois chiffrer l’information, l’unité de Communication et prévention de la police cantonale nous rapporte avoir reçu plusieurs signalements de piqûres avec suspicion d’intoxication au GHB ou à une autre substance au cours de l’année 2022. «Quand je vais en soirée, j’y pense mais je ne veux pas que ça m’empêche de sortir. J’essaie d’être bien entourée au cas où quelque chose arriverait», explique Justine. Pour la jeune travailleuse sociale, la prévention reste par ailleurs le meilleur moyen d’éviter ce genre d’agression.

«Quand je vais en soirée, j’y pense mais je ne veux pas que ça m’empêche de sortir.»
Justine Laville, 25 ans

Si la police cantonale confie avoir reçu plusieurs signalements majoritairement provenant de femmes, les hommes aussi sont concernés. Cet été, dans un festival en Suisse, Romain* a subi une agression avec seringue: «J’étais dans un after du festival, je marchais dans la foule et à un moment, je passe devant deux hommes qui avaient la vingtaine. J’ai senti une piqûre et j’ai tout de suite compris que ce n’était pas normal. Quand je me suis retourné, j’ai vu ces deux personnes me pointer du doigt et rire.» Inquiet, Romain cherche avant tout à rejoindre ses amis pour être en sécurité. Le jeune homme de 21 ans commence rapidement à se sentir mal: «J’ai prévenu mes amis et on s’est dirigé vers le bar pour demander de l’aide. J’avais la tête qui tournait, et je me suis évanoui.»

Aux urgences

Pris en charge par le staff du festival puis transporté aux urgences, Romain y subira divers tests afin, notamment, d’écarter tout risque de contamination au VIH ou à l’hépatite B: «Les médecins n’ont pas trouvé de drogue dans mon sang. Ils m’ont dit que ça pouvait être une drogue qu’ils ne connaissaient pas, ou que je me suis évanoui à cause du stress, confie le jeune homme. Mais finalement, c’est surtout le risque d’avoir été contaminé par le VIH qui m’a le plus angoissé.» Romain doit être suivi pendant plusieurs mois: «J’ai pris un traitement antirétroviral (qui empêche le VIH de se multiplier et peut faire disparaître le virus dans le sang, ndlr) durant un mois, et je dois faire des prises de sang jusqu’en février pour vérifier que tout est OK.»

«C’est le risque d’avoir été contaminé par le VIH qui m’a le plus angoissé»
Romain*

Psychologiquement aussi, Romain a été touché: «Je pensais être passé à autre chose mais lors d’une soirée, j’ai dû sortir de la foule parce que je devenais parano.» Si le jeune homme n’a pas déposé plainte immédiatement, il en ressent aujourd’hui le besoin: «Au départ, je voulais que ça soit derrière moi, je ne voulais pas que ça traîne avec une plainte. Et finalement, je pense que c’est important pour moi et pour les autres aussi», conclut-il.

* prénom d’emprunt

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