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Ame sœur et Soleil levant

Comment les jeunes Japonais vivent-ils les relations amoureuses dans un pays où la baisse du taux de natalité est au cœur des préoccupations?

Au Japon, depuis les années 60, le taux des mariages d’amour a dépassé celui des mariages arrangés. © Lise Schaller
Au Japon, depuis les années 60, le taux des mariages d’amour a dépassé celui des mariages arrangés. © Lise Schaller

Lise Schaller, Tokyo

Publié le 05.03.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Société » Depuis les années 70, le taux de croissance de la population japonaise ne cesse de s’effondrer. Il est négatif depuis 2010. Selon une étude menée en 2016 par l’Institut national de recherche sur la population et la sécurité sociale, 70% des hommes et 60% des femmes non mariés âgés de 18 à 34 ans ne seraient pas en couple. Dans la même tranche d’âge, plus de 40% affirmeraient être encore vierges.

Nakamura Orika et Miyoshi Yume sont toutes deux étudiantes dans un collège à Yokohama, près de Tokyo. «A l’école, les gens sont timides et expriment peu leurs sentiments. Je ne sais même pas qui est en couple dans ma classe», commente Orika. Et Yume d’ajouter: «C’est rare qu’on creuse le sujet.»

Il faut dire aussi que la société japonaise évolue. Traditionnellement, les parents cherchent un partenaire possible pour leur enfant et les deux parties se rencontrent pour envisager la possibilité d’un mariage. On appelle ces rencontres omiai. «De nos jours, on peut encore voir des mariages formés par omiai. Cependant, sous l’influence des sociétés occidentales, les mariages d’amour sont devenus la nouvelle norme», note Okaya Kazusa, coopérateur dans une organisation chrétienne de Tokyo et en contact régulier avec des jeunes. Les jeunes Japonais ne semblent cependant pas profiter de cette liberté dans le choix du partenaire en vue de fonder une famille: «Aujourd’hui, on sort souvent ensemble pour le plaisir, note Okaya Kazusa. Les rendez-vous n’ont plus forcément pour but le mariage.»

Déclarer sa flamme

Cette liberté est également difficile à appliquer dans le partage des rôles au sein de la famille: femmes au foyer et hommes au travail sont encore une norme dans un Japon soucieux de se maintenir parmi les plus grandes puissances économiques mondiales. Soulignant un problème d’ordre social, Okaya Kazusa met en cause la gent masculine: «Les mentalités doivent changer. Beaucoup d’hommes ont des attentes incompatibles avec l’air du temps.» D’après lui, les entreprises aussi s’adaptent: «Ces dix dernières années, sous l’influence des nouveaux besoins de l’économie provoqués par la baisse de la natalité, de nouveaux termes apparaissent dans le vocabulaire des entreprises. On parle par exemple d’ikumen, l’homme classe qui participe à l’éducation de son enfant à la maison.»

Orika, elle, souhaite pouvoir travailler: «J’espère pouvoir construire un environnement rendant possibles le travail et la famille.» Malgré la difficulté d’aborder le thème des relations amoureuses, les collégiennes ont plus d’un tour dans leur sac. Yume s’exprime sur la Saint-Valentin, moment où de nombreuses femmes déclarent leur flamme: «La Saint-Valentin est une bonne chose car pour une fois, ce sont les femmes qui sont censées faire leur déclaration aux hommes. C’est un événement qui permet d’exprimer ses sentiments.»

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