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« Batman, The Dark Prince Charming » : la réinvention d'un mythe

L'article en ligne – Critique BD : Pris en charge par un auteur européen, le mythe de Batman prend une délicieuse nouvelle teinte.

La Gotham City de Marini ressemble à celle imaginée, en 1989, par Tim Burton © Dargaud/DC Entertainment
La Gotham City de Marini ressemble à celle imaginée, en 1989, par Tim Burton © Dargaud/DC Entertainment

Clara KUNZ

Publié le 10.01.2018

Temps de lecture estimé : 2 minutes

A l'occasion de l'anniversaire de sa tendre Harley Quinn, le Joker fait à nouveau couler le sang de Gotham City. Son but? Lui ramener un présent digne d'elle. Poursuivi par Batman, le Joker doit renoncer à ses desseins. Comme substitut du premier cadeau, le chat bleu, splendide diamant d'une valeur de 50 millions, devient sa nouvelle proie. Parallèlement, Mariah Shelley, prétendue ex-amante de Bruce Wayne, provoque un scandale. Elle déclare le milliardaire père de sa fille, Alina. Apprenant cette paternité, Le Joker met en place un stratagème machiavélique. Quoi de mieux que de kidnapper la fille de Bruce Wayne, alias Batman ? Le diamant suffira amplement de rançon. Commence alors une quête sans repos pour le Chevalier Noir. Cependant, le mystère subsiste, Alina appartient-elle réellement à la famille Wayne? 

Pourvu d'un peu plus de 70 pages, « Batman, The Dark Prince Charming » sait faire durer le suspense. Alternant action explosive et discours concis, cette bande-dessinée possède un équilibre idéal. Enrico Marini, 48 ans, auteur complet de l’œuvre, emporte le lecteur au sein de deux mondes. Le premier, présente un Joker croqué délicieusement par la folie, faisant preuve d'un sang froid redoutable. Le second met en scène un Batman troublé, au bord de la folie, frôlant l'anti-héro. Durant toute l'intrigue, le lecteur retient son souffle, incapable de se reposer. Il ressent la tension, en veut toujours plus. Sa curiosité ne sera, néanmoins, satisfaite qu'à la sortie du deuxième tome de la série.  

Prendre en charge complètement (scénario, dessin, couleurs et conception graphique) une aventure du mythique Batman relève de l'extraordinaire. En effet, Marini, soutenu éditorialement par Jim Lee, est le premier dessinateur francophone à obtenir ce droit de DC Comics. L'auteur de séries à succès comme « Le Scorpion » ou « Les Aigles de Rome » se montre à la hauteur de la tâche. Grâce à sa maîtrise parfaite de l'aquarelle, Marini crée une multitude d'ambiances. Usant essentiellement de couleurs directes orangées, comme pour le décor de Gotham, contrastants avec les bleutés de Batman, l'artiste délimite minutieusement les actions ou personnages prenant vie sur ses planches. Contre-plongées vertigineuses, plans larges détaillés, découpage des cases varié, l'auteur sollicite toutes ses capacités. Enfin, son trait, dynamique, élégant, réunit brillamment la culture franco-belge avec celle des comics.

« Batman, The Dark Prince Charming » propose de ce fait une bande dessinée à l'européenne de l'homme chauve-souris. Malgré son manque de renouvellement, tant les fans du duo Joker-Batman que les amateurs d'illustration y trouveront leur bonheur. En postface, quelques esquisses des personnages couronnent l'ouvrage d'une délicate touche personnelle.

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