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Carême, un temps pour soi

Durant quarante jours, Sibel et Julie* pratiquent le Carême. Une tradition chrétienne devenue pour certains avant tout culturelle.

Carême, un temps pour soi
Carême, un temps pour soi

ELSA ROHRBASSER

Publié le 03.04.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Témoignages » Comme chaque année, les mois de mars et avril sont rythmés par le Carême. Qu’il s’agisse d’un prétexte pour renoncer à certains excès ou une période pieuse permettant de renforcer son union avec Dieu, de nombreux jeunes se tournent vers cette tradition chrétienne, sans forcément être croyants. C’est le cas de Sibel Kalan, 23 ans, qui a saisi cette occasion pour arrêter de fumer: «Le matin où le Carême a commencé, je me suis retrouvée avec des amis qui faisaient le Carême du café ou de l’alcool… et je me suis dit que c’était une bonne excuse pour faire le Carême de la cigarette», confie l’étudiante à la Haute Ecole pédagogique. «J’ai déjà arrêté de fumer par le passé, mais j’ai envie de me prouver à moi-même et aux autres que je suis capable de le faire.»

A l’origine, le Carême est «un temps de pénitence et de préparation à la fête de Pâques, et l’occasion pour chacun de donner un «coup de fouet» à sa pratique religieuse», comme le souligne l’abbé Vianney Savy dans le bulletin de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Cependant, cette tradition chrétienne s’est largement répandue au sein des foyers athées ou d’une autre religion.

«C’est comparable à Noël: on le fait parce que culturellement ça se fait»

Julie

Une sortie de route qui n’a rien de négatif selon Julie*, croyante et pratiquante: «Je comprends que notre société est pétrie de chrétienté et que, du coup, beaucoup de rites sont devenus culturels. C’est comparable à Noël: on le fait parce que culturellement ça se fait», explique la jeune femme. «Je suis plus critique envers les personnes qui font le Carême en disant que c’est religieux mais qui le font, par exemple, avec l’objectif de perdre du poids.» En effet, selon Julie, beaucoup de croyants profitent de cette période pour perdre quelques kilos, ce qui n’a aucun sens pour elle: «Ça va à l’opposé de l’idée qu’il faille remettre en question son rapport à soi, aux autres et au sacré durant le Carême. C’est juste prendre des normes sociétales et utiliser un truc religieux pour y parvenir», fustige Julie.

Démarche globale

Pour Sibel, le Carême est une expérience nouvelle: «C’est la première année que je le fais. Je trouve que c’est un bon prétexte pour purifier son corps. C’est comme les résolutions en début d’année, on essaie d’aller vers quelque chose de plus sain», explique-t-elle.

Julie, en revanche, n’en est pas à son coup d’essai et a déjà un certain recul sur la pratique: «Pour moi, faire le Carême fait partie d’une démarche globale qui permet d’avoir une réflexion sur comment je vis ma vie, en quoi ce que j’en fais fait du mal aux autres ou à moi-même et brouille ce qui est important.»

Le Carême sert ainsi de période de réflexion et de retour à l’essentiel, mais c’est aussi l’occasion de se lancer de nouveaux défis afin de se prouver que l’on est capable de renoncer – partiellement ou complètement – à certaines habitudes parfois nocives.

*Prénom d’emprunt

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