La Liberté

«Certains font des pauses clopes, moi, j’avais des orgasmes»

Morgane* préfère commencer aujourd’hui sa journée avec des étirements. © Mélodie Rossier
Morgane* préfère commencer aujourd’hui sa journée avec des étirements. © Mélodie Rossier
Publié le 11.06.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Parle-moi de sexe

Morgane*, 25 ans, étudiante, se confie sur son passé d’addict au sexe.

«Ça a commencé durant mes années d’université. Les études étaient très stressantes pour moi. C’était une période difficile. Je m’étais toujours beaucoup masturbée, mais il y a eu un moment où c’est devenu un rituel. Je pense que l’on peut dire que j’étais devenue accro au sexe.

Comme j’étais très angoissée, me toucher me permettait de m’échapper, d’éviter mes pensées. Cela me ramenait à mon corps et à ses sensations. Je pouvais me reposer là-dessus parce que je savais que cela marchait à tous les coups. C’était une valeur sûre, un plaisir facile. Me masturber était très mécanique. Il me fallait deux minutes pour jouir. J’ai commencé à l’utiliser pour tout: me détendre avant de m’endormir, me réveiller, pour ne pas m’ennuyer…

Je me rappelle un jour en particulier où je n’avais fait que ça. Je devais réviser pour mes examens et j’étais superstressée. C’était une journée très déprimante quand j’y repense. Je ne m’étais levée de mon lit que pour manger et me doucher. C’était un cycle: un chapitre, des orgasmes, une sieste et ça recommençait. Certains font des pauses clopes, moi, j’avais des orgasmes. J’ai pu en avoir jusqu’à seize, cette journée-là.

Le sexe avec quelqu’un était différent. Comme j’en parlais beaucoup, on trouvait ça cool. Je donnais l’impression d’être à l’aise avec ça, alors qu’en fait, pas du tout. J’enchaînais les relations. C’était des périodes de trois mois. Dès que je sentais que ça tournait mal, je savais déjà qui serait la prochaine personne. J’aimais donner du plaisir à l’autre, mais je ne me laissais pas toucher. J’avais aussi de la peine à embrasser, parce que cela voulait dire que j’étais amoureuse. Aujourd’hui, j’en suis sortie. J’ai réussi à m’accepter comme je suis et à faire face à mes peurs. Petit à petit, j’en ai eu moins envie. J’ai même réussi à vivre seule, chose que je n’avais pas faite depuis mes 20 ans.» Mélodie Rossier

*Prénom d’emprunt

 

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