La Liberté

Des cheminées bien soignées

La Page Jeunes a suivi la tournée d’un jeune ramoneur. Le passage annuel de l’homme en noir ne manque jamais d’intriguer…

Christophe Feyer a suivi les traces de son père et de son grand-père, tous deux ramoneurs. © Lise Schaller
Christophe Feyer a suivi les traces de son père et de son grand-père, tous deux ramoneurs. © Lise Schaller

Lise Schaller

Publié le 09.01.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Reportage »   Le matériel chargé, la camionnette démarre. Il fait encore nuit quand Christophe Feyer, qui a terminé son apprentissage de ramoneur en août dernier, démarre sa tournée. Il se déplace désormais seul pour s’occuper de l’entretien des installations de chauffage.

La porte du sous-sol de la première maison lui a été laissée ouverte. «Dans ce métier, nous entrons dans l’intimité des gens, commente Christophe. C’est pourquoi nous essayons de rester discrets.» Sur son échelle, tout de noir vêtu, le Fribourgeois s’affaire autour des aérations, brosses et aspirateur en main. A l’aide de sa lampe de poche, il scrute l’intérieur – que peut-il bien y voir? Que fait-il? Ce sont les questions que posent les deux enfants curieux qui, accompagnés de leur mère, sont venus observer le ramoneur à l’œuvre.

Noir de suie

Christophe ne se laisse pas perturber et continue de manier ses outils et de brosser ou gratter dans un ordre qui lui semble familier. «Ce ne sont pas ceux qui installent les chaudières qui les entretiennent ensuite. Nous devons toutes les connaître. Dans notre région, la plus ancienne date de 1964.» En effet, la répartition des régions entre les différentes entreprises, tout comme les tarifs ou la fréquence de ramonage, est définie par l’Etat. Outre le nettoyage et l’entretien, le ramoneur s’occupe également de prévenir les incendies. Christophe explique: «Le goudron présent sur de vieilles cheminées en brique, par exemple, peut se mettre à brûler si la chaleur dégagée est trop intense. Nous supervisons également les installations pour vérifier que les distances de sécurité ont été respectées lors de la construction.»

L’intérêt de Christophe pour son métier n’a pas surgi de nulle part: sa famille l’exerce depuis trois générations. «Mon grand-père était noir de suie lorsqu’il sortait d’une cheminée, se souvient-il. C’était un métier très dangereux. A son époque, on disait qu’un ramoneur ne vivait pas longtemps.» Les conditions de travail ont bien évolué. Mais tout n’a pas changé: le passage du ramoneur reste pour certains une curiosité annuelle. Il arrive même, dans certaines fermes, qu’on le nourrisse lors de son passage. Aujourd’hui, pas de brunch offert, mais de chaleureuses salutations accueillent Christophe à l’installation suivante. Dans la chaudière à mazout, en plus du nettoyage mécanique, le ramoneur emploie une solution alcaline: «Chaque millimètre de suie consomme entre 6% et 8% d’énergie, explique-t-il. Il est également nécessaire d’enlever le soufre accumulé sur les parois pour des raisons écologiques.»

Christophe Feyer a déjà présenté son métier dans le Cycle d’orientation de Sarine-Ouest: «Les jeunes ne sont plus intéressés par ce métier. Ils ont généralement en tête une image vieillie du ramoneur.» Il invite généralement les intéressés à faire un stage, et se rend vite compte si la recrue a l’âme d’un futur ramoneur.

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