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Duvet pileux, la révolte sur le fil du rasoir

Flash-info: les femmes aussi ont des poils! © Kaziwa Raim
Flash-info: les femmes aussi ont des poils! © Kaziwa Raim
Publié le 25.05.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

J’ai testé pour vous! » Une fois n’est pas coutume, notre chroniqueuse s’est lancé un nouveau défi: laisser pousser ses poils et les assumer.

Dans une société où les femmes sont conditionnées à détester leurs poils, à s’en débarrasser ou à les cacher à tout prix pour éviter les remarques désobligeantes, la révolte se joue sur le fil du rasoir. J’ai donc profité de ces quelques semaines passées entre mes quatre murs pour remettre en question ma propre perception de la pilosité féminine en arrêtant tout simplement de m’épiler.

Au début, ça ne fait quasiment aucune différence: un poil par-ci, un poil par-là, rien de bien révolutionnaire. Je me promène librement, sans crainte, certaine qu’on ne remarquera rien, une intuition qui se confirme très vite. Et puis finalement, les jours s’enchaînent et les poils aussi. Je me retrouve avec des mollets poilus, au grand dam de mes shorts. Sans surprise, ma première réaction est la honte, une honte enracinée en moi par 26 ans de dictats esthétiques qui m’assaillent de toutes parts. Par réflexe, je porte des pantalons qui me tombent jusqu’aux chevilles et des pulls à manches longues pour cacher mon duvet flambant neuf.

Paradoxalement, plus les jours passent et plus ma pilosité me fascine. Je réalise alors que c’est la toute première fois depuis ma puberté que je laisse mes poils pousser librement et le constat qu’ils ne remettent pas pour autant en question mon statut de femme résonne en moi comme un soulagement. Lentement mais sûrement, j’apprends à être à l’aise avec mon duvet.

Ironiquement, c’est ce moment-là que le soleil choisit pour pointer le bout de son lumineux nez, avec son lot de chaleur. S’impose alors à moi un dilemme de taille: mourir de chaud ou m’exposer aux critiques misogynes. Raisonnablement, j’opte pour la seconde option. Verdict? La majeure partie des gens ne me fait aucune remarque, bien qu’une minorité se permet des regards insistants ou des injonctions hautement patriarcales qui me révoltent autant qu’elles me déboussolent.

Apprendre à être à l’aise avec ses poils, c’est une chose; apprendre à faire fi des remarques déplacées d’autrui, c’en est une autre. En toute honnêteté, je ne suis pas encore tout à fait prête à assumer au quotidien mon duvet en public… mais je n’en suis pas loin, c’est promis!

Kaziwa Raim

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