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Faire le max de bien

L’altruisme efficace cherche à optimiser l’impact positif d’un individu sur le monde qui l’entoure. Ses adeptes regrettent sa confidentialité

Faire le max de bien
Faire le max de bien

Louis Rossier

Publié le 08.03.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Philosophie » Comment faire le maximum de bien en se basant sur des faits? C’est avec cette question que Kasimir Tanner, 23 ans, résume le principe de l’altruisme efficace. Ce Fribourgeois a découvert cette philosophie grâce au site internet 80 000 Hours, qui tente d’orienter les jeunes vers des carrières où ils auront le meilleur impact possible sur le monde. Etudiant en physique à l’Université de Berne, il y rejoint en 2019 un groupe de discussion du groupe local Effective Altruism. «Nous nous retrouvons une fois par mois pour décortiquer des textes liés à l’altruisme efficace», rapporte Kasimir Tanner.

Les adeptes de ce courant déploient en général leurs efforts sur trois axes principaux: les dons caritatifs, les choix professionnels et les programmes politiques. «L’idée est de faire le plus de bien possible avec les ressources dont on dispose, c’est-à-dire principalement l’argent, le temps et l’influence», explique Dominic Roser, maître d’enseignements et de recherche en éthique et droits de l’homme à l’Université de Fribourg.

On ne réfléchit pas assez à la manière d’optimiser les effets d’un don caritatif, déplore ainsi le philosophe. «Cent francs versés à une organisation basée dans un pays en développement porteront beaucoup plus de fruits que 100 francs versés en Suisse», illustre-t-il. Autre exemple: une même somme sauvera un nombre différent de vies humaines selon qu’on la destine à combattre la malaria ou le virus du sida; et dans le second cas, l’effet ne sera pas le même selon qu’elle est investie dans une onéreuse immunothérapie ou dans la prévention auprès des groupes à risques.

«On estime à tort que toutes les organisations caritatives se valent. En réalité, dans l’une d’entre elles l’argent des donateurs n’est pas deux fois mieux utilisé que dans une autre: il le sera peut-être 10 ou 100 fois mieux», insiste Dominic Roser. Sympathisant lui-même, il s’engage à verser 10% de son revenu jusqu’à sa retraite: via givewell.org ou GiveDirectly, qui reverse l’argent aux particuliers dans un état de pauvreté extrême. Kasimir Tanner a de son côté porté son dévolu sur l’organisation Coalition for Rainforest Nations, engagée pour la sauvegarde des forêts tropicales, dont il s’est fait donateur régulier.

Un courant hétérogène

Si ce courant hétérogène s’organise grossièrement autour du Centre for Effective Altruism tardivement fondé en 2012 à Oxford, il est difficile d’estimer le nombre de ses adeptes. En dépit de ses principes fédérateurs, il reste confidentiel. «Je ne m’explique pas cette absence de reconnaissance, regrette Dominic Roser. Peut-être que les gens se disent que ça ne vaut pas la peine, ou le caractère consciencieux de la réflexion les rebute.» Il porte ses espoirs sur quelques personnalités en vue qui soutiennent le mouvement, comme l’économiste Esther Duflo, lauréate du prix dit Nobel d’économie en 2019.

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