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Grandir en parallèle

Sarah et Isabelle Dousse sont jumelles. A 22 ans, elles se confient sur leur relation fusionnelle et la séparation qui se profile

Sarah et Isabelle Dousse portent un regard positif sur leur gémellité. © Héloïse Hess
Sarah et Isabelle Dousse portent un regard positif sur leur gémellité. © Héloïse Hess

Miriam Gfeller

Publié le 07.01.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Témoignage » A 22 ans, Sarah et Isabelle Dousse sont jumelles dizygotes: elles ne partagent pas l’intégralité de leurs gènes, contrairement à de vrais jumeaux. Isabelle Gattlen, consultante spécialisée en parentalité gémellaire et fratries, souligne qu’il s’agit de «faux jumeaux, mais vrais enfants». Elle explique: «Il y a une certaine fascination pour les jumeaux, surtout les vrais, mais il est important de les traiter comme des individus et d’éviter une comparaison constante.» Comparaison que les deux sœurs ont pu ressentir, sous la forme d’étiquettes que l’on collait à l’une ou à l’autre et qu’elles ont parfois assimilées. Celles-ci, maladroites, venaient surtout de l’entourage, car physiquement leur gémellité ne se devine pas. «On doit plutôt le leur prouver, ça nous est déjà arrivé de sortir nos cartes d’identité en soirée», rit Isabelle.

 

«Prendre de la distance nous a beaucoup rapprochées» 
Sarah Dousse

 

Enfants, elles ont passé leur école primaire dans la même classe. «Il y avait quelques tensions pour savoir qui allait raconter notre journée à nos parents, mais on s’entendait bien», explique Isabelle. C’est plutôt en fin de CO qu’elles se décriraient comme moins proches. «Heureusement qu’après l’école obligatoire, on a fait une année linguistique chacune de notre côté. Prendre de la distance nous a beaucoup rapprochées», confie Sarah. Sa sœur approuve: «On a appris à être seule, soi-même, même si l’autre nous manquait.» En grandissant, elles ont également ressenti une certaine jalousie et une compétition envers leur double. «Pendant la période où je me cherchais, j’avais besoin de me différencier et de prouver que j’étais meilleure, avoue Sarah. Mais maintenant, je veux juste qu’elle soit heureuse.»

Trouver son chemin

Très complices, elles portent aujourd’hui un regard positif sur la gémellité. «Avoir quelqu’un de ton âge, qui vit à peu près les mêmes choses et à qui tu peux te confier, c’est une chance, sourit Sarah. Je sais qu’Isabelle sera toujours là pour moi, c’est rassurant.» Ce qui n’empêche pas les questionnements. «Quand on rit et qu’on se comprend sans avoir besoin de se parler, on se demande si les autres se sentent exclus», avouent-elles. En plus, bien qu’elles habitent encore ensemble, leurs chemins professionnels commencent à se séparer. Les deux étudient dans le social, mais dans des domaines différents. Sarah aimerait partir l’année prochaine pour faire un stage: «D’un côté je ressens ce besoin de partir, et de l’autre je me dis qu’il y a ma jumelle.» Mais les deux s’accordent à dire qu’il est important qu’elles se créent leur propre chemin. Pour Isabelle Gattlen, trouver cet équilibre entre la fusion et la séparation est un tiraillement central dans la relation gémellaire. Et il est primordial pour les familles de préserver l’individualité de chacun tout en protégeant le lien précieux qui peut exister entre les jumeaux.

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