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«Impossible de m’endormir»

L’insécurité, l’isolement et l’inactivité liés au Covid-19 ont des répercussions sur la qualité du sommeil de nombreux jeunes

«Impossible de m’endormir»
«Impossible de m’endormir»

Nastasia Jeanneret

Publié le 03.05.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Santé » Ambre, 23 ans, est étudiante à la Haute Ecole de travail social, à Fribourg. Elle souffre d’insomnies, devenues omniprésentes avec l’arrivée du Covid-19: «Il n’y a pas si longtemps, je dormais plutôt bien. Mais depuis le Covid, c’est devenu très compliqué. Il y a des périodes assez courtes où je dors très bien, et d’autres, qui se comptent en mois, où jusqu’à 3 h 30 du matin il m’est impossible de m’endormir.»

Une dette de sommeil qui n’est pas sans conséquences sur sa vie privée et professionnelle: «Le manque de sommeil affecte ma concentration. Certains cours en ligne sont très denses, et parfois je me dis stop, j’arrête, parce que je ne comprends plus rien à ce que l’on me dit.» Cette fatigue est telle qu’elle en devient un facteur structurant de ses journées: «Je planifie mes journées en fonction de mon chien, mais aussi de quand est-ce que je vais pouvoir faire une sieste.»

Rythmes et sommeil

Selon Christian Bourbon, médecin psychiatre spécialisé en médecine du sommeil et appartenant au groupe médical Matrix-Psychiatrie de Fribourg, le sommeil doit être compris comme quelque chose de naturel, qui vient à notre rencontre chaque jour plus ou moins à la même heure.

«Ce qui fait que l’on se tient en éveil, ce sont notamment la luminosité et l’activité physique.»
Christian Bourbon

Mais certains facteurs, comme les boissons énergisantes ou les écrans, contribuent à perturber ces rythmes naturels: «Ce qui fait que l’on se tient en éveil, ce sont notamment la luminosité et l’activité physique. Or les écrans, même si leur intensité lumineuse est très faible, inhibent la sécrétion de l’hormone de la nuit, la mélatonine. Les activités stimulantes telles que les réseaux sociaux et les jeux vidéo contribuent aussi à laisser les systèmes d’éveil activés et facilitent cette privation du sommeil.»

Identifier et s’informer

Björn Rasch, professeur au Département de psychologie de l’Université de Fribourg et chercheur du sommeil, relève aussi que plusieurs personnes ont développé des troubles du sommeil en lien avec la situation de stress et d’isolement liée au coronavirus. Si ces troubles s’étendent sur de longues périodes – grosso modo sur plus d’un mois –, il préconise d’aller consulter un spécialiste: «Pour les insomnies sur le long terme, je recommanderais vraiment une psychothérapie. Beaucoup d’études ont montré que c’était une méthode très efficace pour les traiter.»

«Pour les insomnies sur le long terme, je recommanderais vraiment une psychothérapie.»
Björn Rasch

S’il est essentiel de prendre au sérieux les cas d’insomnie régulière, le professeur Rasch soutient que les jeunes ont globalement de bien meilleures capacités à récupérer que leurs aînés, et qu’ils ne devraient donc pas être trop à cheval sur leurs heures de sommeil: «Si l’on est trop rigide avec son sommeil, on se prive de plaisir durant la journée. Or pour notre santé, c’est essentiel: si l’on est heureux dans notre vie, cela a un impact positif sur notre sommeil.»

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