Parle-moi de sexe !

Boris*, 26 ans, a subi des agressions sexuelles dans le cadre d’une relation. Il se confie librement à la Page Jeunes.

«Je suis sorti avec une fille pendant une année et demie. Ce n’était pas ma première relation. Au bout de quelques mois, nous avons couché ensemble alors que je n’en avais pas envie. Je lui ai dit non. Elle a insisté. Elle s’est énervée, elle pensait que je n’avais pas envie d’elle. Elle a commencé, bien qu’à aucun moment je n’aie dit oui. Par la suite, j’ai souvent accepté de faire l’amour pour éviter le conflit. Ça m’est arrivé trois fois pour sûr, et les autres, je ne m’en souviens plus. J’avais cette voix dans ma tête qui me disait «non mais quand même, tu es un homme ou quoi?». Nous avons rompu ensuite car c’était une relation dans laquelle je n’étais pas du tout à l’aise, je n’en pouvais plus. Je n’y ai plus repensé et je l’ai enfoui dans ma mémoire. Quelques mois plus tard, une amie à qui j’en ai parlé a posé des mots sur ce que j’avais vécu. Ça m’a fait prendre conscience de ce qu’il m’était arrivé: une agression sexuelle.

Pour moi, ces situations sont délicates. C’est difficile de dire non sans que cela réveille des blessures chez l’autre. On a peut-être plus tendance à demander à une fille si tout va bien pour elle parce que l’on parle beaucoup du viol féminin. Ça vient moins à l’esprit de demander à un homme. J’ai l’impression que c’est inacceptable de ne pas avoir envie de faire l’amour parce qu’on est triste ou pas dans le mood. Il y a un cliché selon lequel les hommes ont toujours envie de sexe. C’est une pression que je ressens beaucoup, dans tous les contextes, même au travail. Mais c’est faux, les hommes ne pensent pas qu’à ça. D’ailleurs moi, plus je vieillis et moins j’en ai envie. Il y a d’autres choses qui m’intéressent. Depuis cette histoire, mes relations sont compliquées. J’ai très peur des femmes. J’ai eu d’autres histoires mais dès que cela commence à être ambigu, je me braque. Je travaille sur mes émotions.»

Mélodie Rossier

* Prénom d’emprunt