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«Je suis venue pour le fric»

De nombreux jeunes Français passent l’hiver dans les montagnes suisses

«Je suis venue pour le fric»
«Je suis venue pour le fric»

Louis Rossier

Publié le 29.01.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Saisonniers » «Si je suis venue en Suisse, c’est avant tout pour me faire du fric.» Clara Warscotte, 22 ans, ne mâche pas ses mots au moment d’expliquer ce qui l’a amenée à abandonner Paris pour venir travailler comme serveuse dans une petite pizzeria des Collons, au-dessus de Sion. Dans ses yeux bleu clair, on peut voir une détermination appuyée encore par les Dr. Martens qu’elle chausse malgré la tempête de neige qui fait rage dehors. «Fin mai, je compte partir pour l’Asie centrale, confie-t-elle. L’Ouzbékistan, le Kazakhstan… J’ai envie de voyager.»

Pour ce projet, la Parisienne, qui a pourtant un bachelor en économie en poche, compte sur les quelque 2300 francs qu’elle touche par mois entre décembre et avril. «Sont décomptés de mon salaire les frais d’hébergement et de nourriture», explique-t-elle, indiquant qu’elle dort dans une chambre juste au-dessus du restaurant. N’est-ce pas oppressant de vivre sur son lieu de travail? «Pas du tout, assure-t-elle. Il y a une super ambiance dans la station, autant avec les touristes qu’avec les autres saisonniers.»

Rythme saisonnier

Clara peut en effet compter sur ses collègues, toutes des compatriotes, pour alléger son mal du pays. Si pour Clara c’est la première saison – et peut-être la dernière –, une autre serveuse en compte une vingtaine à son actif. «Le rythme saisonnier, l’hiver à la montagne et l’été à la mer, est plus ancré dans les mœurs en France qu’en Suisse», estime Thomas Melly, responsable administratif et financier des Remontées mécaniques de Grimentz-Zinal. Dans cette station du val d’Anniviers, on compte près de 70% de saisonniers français dans le secteur de la restauration.

Pourtant, toutes les stations contactées se défendent de pratiquer un dumping salarial. «Les salaires de la CCNT (Convention collective de travail pour l’hôtellerie, ndlr) sont respectés pour tout type de nationalité», affirme Thomas Melly, reconnaissant que ceux-ci «ne sont pas très hauts pour vivre en Suisse». A l’inverse, les saisonniers français imposent plutôt aux stations des démarches bureaucratiques pour obtenir un permis de travail. «Il faut en outre les aider pour l’obtention d’une assurance-maladie, leur organiser un logement, etc.», énumère Thomas Melly.

Personnel local

A Moléson, on relativise le poids de ces démarches. «Ils ne représentent pas un fardeau administratif plus lourd», explique Antoine Micheloud, directeur des activités touristiques, qui estime à 50% la proportion de saisonniers français dans la gastronomie. «Mais nous n’en employons pas dans nos remontées mécaniques.» A La Berra, la politique est similaire: «Même si nous recevons passablement de demandes chaque année, nous avons toujours réussi à trouver du personnel local», déclare le directeur d’exploitation Didier Kilchoer.

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