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«Josée, le tigre et les poissons»: un récit initiatique inspirant

L’article en ligne – Film » Projeté dans les salles européennes cet été, le film d’animation japonais Josée, le tigre et les poissons raconte la romance inusuelle entre un étudiant et une jeune femme tétraplégique.

Le film d’animation japonais Josée, le tigre et les poissons raconte l’inusuelle romance entre Tsuneo, un étudiant fauché, et Josée, une jeune femme tétraplégique au caractère bien trempé. © DR
Le film d’animation japonais Josée, le tigre et les poissons raconte l’inusuelle romance entre Tsuneo, un étudiant fauché, et Josée, une jeune femme tétraplégique au caractère bien trempé. © DR

Kessey Dieu

Publié le 04.11.2021

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Josée, le tigre et les poissons, c’est un film d’animation sorti cet été. C’est aussi l’histoire de Josée, de son vrai nom Kumiko, une jeune adulte qui a passé toute sa vie en chaise roulante. Un beau jour, au cours d’une balade matinale avec sa grand-mère, la jeune femme, qui se fait appeler Josée en référence à un roman de Sagan, rencontre Tsuneo, un étudiant en biologie marine qui la sauve in extremis d’une chute. À la suite de cette rencontre, Tsuneo est engagé par la grand-mère de Josée pour devenir l’aide-soignant de sa petite-fille, ou son «serviteur», comme Josée aime à l’appeler...

En un peu plus d’1h30, le film de Kotaro Tamura nous conte avec poésie et humour la rencontre de ces deux êtres, qui, a priori, tout oppose. Il y a d’un côté la mystérieuse Josée, qui, lorsqu’elle ne peint pas, passe ses journées cloîtrée chez elle à lire, surprotégée par sa grand-mère, et de l’autre, Tsuneo, plus terre-à-terre, qui travaille dur à côté de ses études pour réaliser son rêve d’aller un jour au Mexique. Entre ces deux personnages se tissera une belle relation, d’abord d’amitié, puis d’amour. Toutefois, ce n’est pas la romance entre ces derniers que l’on retiendra – elle est au final on ne peut plus classique –, mais les enseignements qu’ils tirent de celle-ci. En effet, de leur rencontre fortuite, les jeunes adultes ressortent grandis et enrichis: Josée parvient à surpasser ses peurs et à gagner en indépendance, tandis que Tsuneo apprend l’importance de se battre corps et âme pour ses rêves. Le film comporte plusieurs beaux passages mettant en scène ces moments d’apprentissage. On pense notamment à celui, très émouvant, où Josée présente sa version revisitée du conte de La Petite Sirène aux enfants de la bibliothèque.

À première vue pénible, voire manipulatrice, Josée, qui cache en réalité un côté fleur bleue, se révèle étrangement charmante à mesure qu’on avance dans l’histoire. Ses répliques piquantes sont drôles et rafraîchissantes, et face à sa fascination, presque enfantine, devant les rayons entiers de livres qu’elle découvre pour la première fois à la bibliothèque, on ne peut être qu’attendri. Sa naïveté, qui contraste avec sa forte personnalité, la rend touchante. Mais attention, son handicap ne sert pas de prétexte pour que le spectateur la prenne en pitié : plusieurs fois, la jeune femme est confrontée à des difficultés du fait de son handicap, mais jamais elle ne s’apitoie sur son sort. Au contraire, Josée est dépeinte comme une femme battante. Malheureusement, les autres personnages ne lui font pas honneur. Malgré ses multiples qualités, Tsuneo se révèle fade pour un héros. Bien qu’il y ait de quoi étoffer sa personnalité – il rêve depuis toujours de partir au Mexique pour y nager auprès d’une espèce particulière de poisson – il fait pâle figure face à Josée. De même, les personnages secondaires, que ce soient les amis de Tsuneo, la bibliothécaire ou la grand-mère de Josée, sont eux aussi bien plats, même s’ils allègent l’atmosphère à l’aide de leurs répliques humoristiques.

 

Comme dit plus haut, la romance entre Josée et Tsuneo est également en deçà des attentes. En effet, le film ne s’attarde pas suffisamment sur le développement des sentiments amoureux des personnages. Étant donné qu’il ne s’agit pas d’une histoire d’amour conventionnelle, il aurait été intéressant de montrer les éventuels doutes ressentis par les protagonistes avant de s’engager dans une relation. Autre faiblesse: dans la deuxième partie, l’histoire prend un tournant mélodramatique excessif. Ces passages dramatiques ne convainquent pas, arrivant trop soudainement ou manquant d’approfondissement. Quant au dénouement, il est prévisible et laisse quelque peu le spectateur sur sa faim. On retiendra cependant les très beaux paysages colorés, urbains et ruraux, inspirés d’emplacements réels à Osaka , que l’on voit tout au long du film, de même que la bande sonore particulièrement envoûtante, qui mêle tantôt des airs classiques, tantôt des chansons plus modernes.

Malgré une seconde partie plus faible, Josée, le tigre et les poissons reste un joli récit, avec de belles leçons de vie, et une animation de qualité.

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