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L’identité en transition

Alors que le genre masculin lui a été assigné à la naissance, Tori Elia, une Fribourgeoise de 19 ans, a fait son coming out transgenre il y a trois ans

Tori Elia a pu mettre des mots sur sa transidentité à l’âge de 16 ans. © Héloise Hess
Tori Elia a pu mettre des mots sur sa transidentité à l’âge de 16 ans. © Héloise Hess

Chiara Bovigny

Publié le 20.08.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Genre» Etre transgenre signifie ne plus être en concordance avec le sexe assigné à la naissance. Si des marqueurs de transidentité peuvent apparaître dès la petite enfance, «le coming out se fait désormais de plus en plus à l’adolescence», explique Adèle Zufferey, psychologue FSP et sexologue ASPSC.

C’est le cas pour Tori Elia, une Fribourgeoise de 19 ans. Après une enfance heureuse, mais marquée par un mal-être intérieur, l’interactive media designer a vu son corps et son rapport à celui-ci changer à ses 15 ans. «Je me suis questionnée sur mon genre et mon identité», raconte la jeune femme. Elle commence alors à suivre des personnes trans sur les réseaux sociaux, à se renseigner sur le sujet, mais sans être encore consciente de sa transidentité. «J’ai mis une jupe une fois, ainsi que du maquillage et j’ai éprouvé un sentiment profond de bien-être.» A l’âge de 16 ans, Tori a pu mettre des mots sur son identité grâce à un homme trans, rencontré à l’école, et au vécu de celui-ci.

«Je veux être traitée comme tout être humain»
Tori Elia

Soutien professionnel

La Fribourgeoise commence dès lors son processus de transition et entreprend une thérapie psychiatrique avec sa famille auprès d’une psychothérapeute, qui les a beaucoup aidés. «Il est important que des professionnels de la santé mentale formés sur les questions de genre accompagnent et soutiennent les jeunes trans, surtout en cas de souffrance, ainsi que leur structure familiale qui se retrouve chamboulée. Il y a un choc initial et des inquiétudes à écouter», souligne Adèle Zufferey.

Tori entame un traitement hormonal, puis une reconnaissance de son changement de genre et de prénom auprès de l’Etat civil après l’introduction d’une loi de facilitation en Suisse en 2022. Elle rejoint aussi une association de personnes trans à Fribourg, fondée par une amie. Si la jeune femme se sent désormais elle-même et ne cache plus sa transidentité, elle subit encore quotidiennement des insultes, sifflements dans la rue ainsi que des questions indiscrètes et des remarques. «Je me suis forgé une carapace et je réponds souvent en vannant, mais être constamment ramenée voire résumée uniquement à ma transidentité et traitée comme une bête de foire m’épuise.» Adèle Zufferey souligne une augmentation de la transphobie ces dernières années. «La violence est systémique et se retrouve partout, à des degrés divers, même si elle dépend du passing de chaque personne trans, à savoir dans quelle mesure on remarque sa transition.»

«Il est important que des professionnels de la santé mentale formés sur les questions de genre accompagnent et soutiennent les jeunes trans.»
Adèle Zufferey

Changement de mentalité

La psychologue espère désormais une meilleure formation des professionnels, davantage de prévention ainsi qu’une reconnaissance de la transphobie comme un délit. Tori ajoute qu’un changement de mentalité doit s’opérer au niveau sociétal. «Il ne faut pas que de la tolérance, mais une acceptation et un effort de compréhension. Je veux être traitée comme tout être humain», conclut-elle.

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