La Liberté

La parole aux blogueurs

Des jeunes partagent sur la Toile leurs expériences liées à l’islam

Le projet cible un public jeune en mettant à profit les réseaux sociaux. © Mélodie Rossier
Le projet cible un public jeune en mettant à profit les réseaux sociaux. © Mélodie Rossier

Mélodie Rossier

Publié le 23.10.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Dialogue » «PositivIslam, deux mots, une seule signification»: voilà le slogan accrocheur choisi par un groupe de blogueurs musulmans et non musulmans associés à un projet pilote du Centre Suisse islam et société de l’Université de Fribourg. «L’idée est de réconcilier les deux termes qui, de nos jours, sont peu observés côte à côte dans la presse», explique Federico Biasca, chercheur au sein de l’institution et chargé du projet.

La Confédération a lancé un appel à projets en constatant la prolifération de messages «de propagande radicale de l’islam» sur internet. «Malheureusement, il n’existe pas de discours positif permettant de les contrebalancer. PositivIslam propose d’y parvenir en encourageant la parole des jeunes et leurs représentations de l’islam sur la Toile», reprend Federico Biasca.

Le projet a débuté l’an dernier. «Nous avions lancé un appel à des jeunes intéressés à bloguer sur ces thématiques en novembre 2017», ajoute le chercheur. Aujourd’hui, quatorze d’entre eux sont actifs en Suisse romande et au Tessin. Ils publient régulièrement sur l’islam. «Ils ont un site et une page Facebook à leur disposition et sont très libres au niveau des thématiques et du format: vidéos, articles ou dessins sont acceptés», ajoute-t-il. Nida-Errahmen Ajmi, musulmane de 22 ans, est blogueuse indépendante et caricaturiste. Elle a été séduite par l’idée: «On parle toujours des jeunes, mais on ne leur donne pas souvent la parole. C’était une opportunité à saisir.»

Des ateliers méthodologiques ont été organisés pour préparer les futurs blogueurs à leur tâche. Cela n’a pas été facile. «De manière générale, quand on parle de radicalisation à des musulmans, on nous demande de nous justifier sur des actes commis par des gens avec qui on n’a aucun lien, qu’on ne comprend pas», explique Nida-Errahmen.

Déconstruire des arguments

Les ateliers ont permis de mettre les jeunes en confiance. «Nous nous sommes interrogés sur la radicalisation et l’isolement social. Nous avons aussi étudié des stratégies de recrutement de groupes djihadistes», raconte Nida-Errahmen. Les jeunes ont reçu des outils de compréhension et d’argumentation. «L’objectif est de proposer des représentations et des systèmes de valeurs différents de celui d’organisations dites extrêmes, comme le groupe Etat islamique par exemple, explique Federico Biasca. Nous initions les blogueurs à déconstruire les arguments de la propagande radicale.»

Cependant, la plupart des contributeurs suivent l’objectif du projet en ne s’opposant pas directement au discours djihadiste mais en partageant leurs expériences. Ainsi, «le discours est sincère. Il n’est pas produit par une institution, il est créé par des jeunes pour des jeunes», rapporte Federico Biasca. Le chercheur poursuit: «Le but est de sensibiliser les autres jeunes en Suisse et de partir de l’expérience personnelle des blogueurs pour leur offrir des modèles inspirants.»

> Site internet du projet: www.positivislam.ch, page Facebook: www.facebook.com/PositivIslam

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